Pour ce qui restera certainement le seul concert de leur longue carrière à Québec, les mythiques The Who ont livré aux festivaliers ce qu’ils voulaient voir et entendre: les classiques de leur répertoire interprétés avec fougue par Roger Daltrey et Pete Townshend.
On attendait l’intégral de l’opéra-rock Tommy, jeudi soir, sur les plaines d’Abraham, mais les Who ont plutôt décidé de naviguer à travers leurs principaux albums parus de 1965 à 1982, avec une petite préférence pour Who’s Next et Quadrophenia.
Ce généreux périple musical de deux heures à travers les chansons qui ont constitué la légende des Who a donné aux festivaliers ce qui peut s’approcher le plus d’une soirée «greatest hits», comme les affectionne le Festival d’été.
Même si la foule n’avait pas l’ampleur de celles de P!nk ou des Backstreet Boys, les spectateurs étaient dans les meilleures dispositions – on les a entendus scander des «Who, Who, Who» à maintes reprises – face à ces pionniers du rock lourd qui lançaient leur tournée nord-américaine lors de ce spectacle exclusif au Canada.
Ils ont d’ailleurs pu manifester leur approbation rapidement puisque, dès les premières notes de I Can’t Explain, les septuagénaires ont sorti leurs vieux trucs. Daltrey a utilisé son fil de micro pour le faire tournoyer pendant que Towhshend y allait de ses moulinets caractéristiques à la guitare.
Vite les canons
Les Britanniques, qui misent sur six musiciens aguerris pour les soutenir, n’ont pas mis de temps à sortir les canons. Après une demi-heure, les Who Are You, qui a vu les Plaines faire équipe au chant avec le groupe, My Generation et Behind Blue Eyes avaient déjà eu leur heure de gloire.
Discret avec le public, Roger Daltrey avait par contre de l’intensité à revendre quand il poussait la note au maximum de ce que ses 73 ans lui permettaient, lorsqu’il grattait la guitare ou faisait claquer ses tambourines.
Malgré quelques soucis techniques avec son instrument en début de parcours, Townshend débordait d’énergie et martyrisait sans pitié sa six cordes. Ses tours de chant, notamment sur I’m One et Eminence Front, ont été exécutés avec panache.
C’est également le grand guitariste qui s’est occupé du volet discussion avec le public. «Vous avez une ville magnifique, vous êtes chanceux», a-t-il dit avant de s’informer plus tard de la prononciation à la québécoise de Quadrophenia.
Du mordant
C’est d’ailleurs durant le segment consacré à cet album que le concert s’est mis en seconde vitesse. Le doublé The Rock – Love Reign O’er Me avait beaucoup de mordant et nous a adroitement conduits jusqu’à la portion consacrée à l’album Tommy. On a pu alors goûter à Pinball Wizard mais c’est l’enchaînement See Me, Tell Me/Listening To You qui a décoiffé les Plaines.
Le poing en l’air, les Who n’avaient plus alors qu’à asséner les Baba O’Riley et Won’t Get Fooled Again pour terminer sur une note triomphale leur seule et unique conquête des Plaines.
«Merci. J’espère qu’on se reverra un jour», a échappé Pete Townshend avant que le band ne quitte ses fans en délire.
The Struts: glam rock flamboyant
Les Anglais The Struts, vus en première partie, semblent s’être donnés comme mission de garder en vie le glam rock. En particulier le flamboyant chanteur Luke Spiller, un descendant de Freddie Mercury qui affectionne le brillant, les paillettes et les tuniques.
Il a toute une présence scénique, ce Spiller. Quelques phrases en français, des «ah ah ah» et «oh oh oh», des bras en l’air et bingo, il avait dans sa poche les festivaliers postés à moins de cinquante mètres de la scène.
Le rock des Struts, à défaut de réinventer le genre, est efficace, mais si jamais on se souvient de ce concert dans dix ans, ce sera surtout en raison de la performance éclatante de Luke Spiller. Grâce à lui, les vidéos du groupe sur YouTube connaitront sans l’ombre d’un doute une hausse de popularité au Québec au cours des prochains jours.
En plus d’être spectaculaire, il est modeste. «Nous savons que vous n’êtes pas ici pour nous. Un immense merci de prendre le temps de nous écouter», a-t-il dit. On a déjà vu de bien plus gros égos sur cette scène.
The Dirty Nil: «La plus belle journée de ma vie»
Le groupe canadien The Dirty Nil a joué son rock comme si sa vie en dépendait juste après l’heure du souper. On devine que c’est leur marque de commerce mais dans le cas du chanteur Luke Bentham, il y avait deux sources de motivation. «C’est ma fête et The Who est mon groupe favori. C’est la plus belle fucking journée de ma vie. Vous avez rendu heureux un petit garçon ce soir», a-t-il lancé en se désignant.
Révélation de l’année lors du dernier gala des Junos, le trio a descendu à un rythme soutenu les chansons de ses deux albums studios, Higher Power et Minimum R&B, sans toutefois provoquer de vives réactions dans le public. Ce n’est cependant pas faute d’avoir fait les efforts pour y parvenir.
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