Consulter
le journal
Face aux dirigeants mondiaux réunis à Davos, des millionnaires appellent à être davantage taxés
Microsoft prêt à investir jusqu’à 10 milliards de dollars dans OpenAI, spécialiste de l’intelligence artificielle « générative »
Transition écologique : « A Davos, Al Gore fait feu de tout bois »
« Le projet de régulation de l’IA porté par Bruxelles ne semble pas être à la hauteur des risques que représente la percée d’outils comme ChatGPT »
« Moi, général de Gaulle » : l’appel du 18-Juin peut-il être reconstitué ?
Pourquoi les prix de l’électricité s’envolent (et ne devraient pas redescendre)
Les images du crash d’un avion au Népal
Le résumé vidéo de 2022 en sept minutes
Education : rétablir l’équité du financement entre public et privé
Les JO pour faire bouger la population ? N’y comptez pas trop !
Emmanuel Macron et les zigzags de la réforme des retraites
Pour faire face aux sécheresses, il faut avant tout revoir les usages de l’eau et repenser les systèmes agricoles
Une aide saoudienne pour le prochain film de Maïwenn
« Les Dangers de fumer au lit », de Mariana Enriquez : le feuilleton littéraire de Tiphaine Samoyault
« L’Apparition », sur Arte : Vincent Lindon au défi de la foi
Quand Shakira et Miley Cyrus règlent leurs comptes avec leurs ex par chansons interposées
Le moule à gaufres sonne l’heure du goûter
Les lasagnes de polenta aux légumes : la recette d’Ariane Delmas
Ariane Delmas : « J’ai compris que l’alimentation pouvait être un levier pour changer le monde »
Les Françaises et les Français sont les champions de la fécondité au niveau européen
Services Le Monde
Services partenaires
Service Codes Promo
Suppléments partenaires
Bruno Moschetto, professeur de sciences économiques (Paris-I et HEC)
Rester dans l’euro tout en quittant la zone euro.
L'accélération de la crise grecque appelle sa nécessaire et urgente maîtrise par les autorités politiques grecques et européennes. Ses atermoiements successifs ne font qu'ajouter la crise à la crise. Avant que les marchés n'imposent une désintégration anarchique de l'euro, une gestion pragmatique de leur monnaie par les différents pays membres vulnérables de la zone euro s'impose, et au premier chef pour la Grèce.
La solution proposée consisterait pour la Grèce à rester dans l'euro tout en quittant la zone du même nom. Plus exactement à ne pas changer de monnaie au plan interne mais de s'affranchir de ses contraintes imposées par l'extérieur.
En effet, l'euro est d'abord la monnaie de chaque Etat membre de la zone, dont naturellement la Grèce. Cette donnée fondamentale est illustrée par le fait que les pièces de monnaies ont pour chaque Etat une face nationale et les billets de banque un code national (les lettres U pour la France, X pour l'Allemagne, Y pour la Grèce). Par là l'euro, monnaie de la Grèce, comme toutes les autres monnaies de la zone, a gardé l'identité de son ancrage national.
Aussi pour ceux qui détiennent, qu'ils soient résidents ou non résidents, des créances sur des résidents grecs libellées en euro, détiennent en dernière analyse des créances sur l'appareil bancaire grec. En l'espèce des avoirs en compte correspondent à des créances sur les banques commerciales grecques. Et des avoirs en poche, les billets correspondent à des créances sur la banque centrale grecque, satellite de la banque centrale européenne (BCE), dans le cadre du système européen des banques centrales (SEBC). Cette masse monétaire grecque inscrite au passif des banques grecques a pour contrepartie, pour gage en quelque sorte, des crédits en euro pour l'essentiel sur l'économie grecque, inscrits à l'actif des mêmes banques. En définitive, en matière monétaire, tout se ramène aux territoires nationaux.
Ainsi, les avoirs monétaires qui sont gérés par l'appareil bancaire grec au bénéficie de ses déposants, résidents ou non résidents, ne seraient en rien altérés si ce pays décidait de rebaptiser sa monnaie en y accolant la dénomination de son assise nationale, et l'euro drachme serait tout simplement l'équivalent – nominal mais non pas réel – de l'euro-euro dans un rapport de un pour un. Par là, rien absolument rien, ne serait changé à la valeur interne de la monnaie grecque puisque soit les banques commerciales, soit la banque centrale nationale seraient redevables d'euro drachmes comme elles le sont à l'heure actuelle d'euro-euros. Au plan interne le pouvoir libératoire des euro drachmes serait naturellement garanti par le fait que l'Etat grec accepterait l'euro-drachme en paiement des prélèvements obligatoires pratique qui a toujours contribué à accréditer le cours légal de la monnaie grecque que ce soient la drachme hier ou l'euro aujourd'hui.
Une banque commerciale grecque, dont un déposant résident ou non, souhaiterait convertir ses avoirs en compte en billets, se verrait offrir des billets portant la mention explicite euro drachme correspondant au signe distinctif Y, Autrement dit, l'euro drachme existe déjà en droit et en fait.
Ce passage des euros en euro drachmes pour leurs détenteurs résidents ou non résidents se ferait sans contrainte extérieure (contrôle des changes) ni contrepartie (modification de la parité) puisque l'euro drachme serait à parité nominale avec l'euro. La cohabitation des euro drachmes avec les autres euros se traduirait sur le marché des changes par des appréciations ou des dépréciations qui tempèreraient ou encourageraient le passage de l'euro drachme en euro ou de l'euro en euro drachme. Et c'est ici qu'apparaîtrait la cotation de la valeur externe de l'euro-drachme, très vraisemblablement dans un premier temps, fortement dépréciée. Mais cette dépréciation n'affecterait que les détenteurs non résidents d'euro drachmes. Pour les résidents rien ne serait changé par rapport à la situation actuelle. Ils détiendraient des euro-drachmes comme ils détiennent à l'heure actuelle des euros leur permettant de régler leurs achats sur le marché intérieur à une parité inchangée. Il n'en irait naturellement pas de même pour le paiement d'achats de produits importés, pénalisés par la dépréciation de l'euro drachme sur le marché des changes.
Ce qui est valable pour les avoirs monétaires, c'est-à-dire les dettes des banques, le serait aussi pour les avoirs obligataires dont les dettes souveraines – lesquelles seraient au terme de leur échéance respectivement payées en euro drachme. Naturellement ces dettes ne verraient pas leur valeur nominale modifiée par cette mutation monétaire spontanée des euros en euro drachmes, mais leur valeur serait appelée à fluctuer en fonction de leur prix sur les marchés secondaires. Il appartiendrait aux détenteurs non résidents de créances souveraines nouvellement libellées en euro drachmes de constituer des provisions compensatoires en cas très probable de dépréciation immédiate de l'euro-drachme par rapport à l'euro. Mais rien n'interdit de penser que celles-ci pourraient être reprises en cas d'appréciation ultérieure de leur valeur sur les marchés. Hypothèse tout à fait réaliste du fait de la nouvelle compétitivité dont bénéficierait les entreprises grecques et notamment touristiques à la suite de la dépréciation externe de la valeur de leur monnaie.
Une telle solution, à l'antipode du retour à la drachme monnaie nationale, permettrait à la Grèce d'éviter de payer la facture d'une dévaluation, opération irréversible, alors que les fluctuations d'une monnaie par rapport à une autre le sont. Il n'y a pas meilleur exemple en la matière que celui des appréciations et dépréciations réciproques et successives entre l'euro et le dollar au titre desquelles le cours de l'euro introduit à 120 cents s'est déprécié à 80 cents pour s'apprécier ensuite à 160 cents soit une variation du simple au double en moins de quinze ans.
Une telle formule pourrait être adoptée par d'autres pays si la pression des gouvernants européens et des marchés internationaux l'imposait. Mais rien n'interdirait à un Etat qui l'aurait choisi d'opérer un retour au sein de la zone si les conditions de compétitivité retrouvées de son euro le lui permettait. De tels allers-retours avaient d'ailleurs caractérisé le fonctionnement du système monétaire européen au cours de sa longue existence (SME). Dans l'immédiat, l'Allemagne n'aurait pas à faire supporter à l'Europe des transferts financiers qui s'annoncent sans fond ni la Grèce à supporter un appauvrissement qui s'annonce sans fin .
Bruno Moschetto est aussi l'auteur de “Tout Savoir ou presque sur la face cachée de l'euro”. Editions Arnaud Franel 2011
Voir les contributions
Édition du jour
Daté du vendredi 20 janvier
Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.
Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois
Ce message s’affichera sur l’autre appareil.
Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.
Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).
Comment ne plus voir ce message ?
En cliquant sur « » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.
Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?
Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.
Y a-t-il d’autres limites ?
Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.
Vous ignorez qui est l’autre personne ?
Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.
Lecture restreinte
Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article
Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.
Newsletters du monde
Applications Mobiles
Abonnement
Suivez Le Monde