« Vers la bataille », « Balloon », « Hospitalité »… trois films comme trois voyages autour du monde, dans des registres très différents. Retour, en critique, sur ces œuvres qui sortent ce mercredi dans les salles.
En 1860, alors que l’armée française est empêtrée dans une drôle de guerre au Mexique, Louis, jeune pionnier de la photographie, convainc un général français de le laisser s’approcher au plus près des lignes de combat pour immortaliser la gloire des militaires en pleine action. Mais tout va aller de travers : perdu dans ce pays qu’il ne connaît pas, surchargé par son matériel, Louis n’arrive pas à rejoindre le front. Son voyage va prendre une tournure inattendue, le confrontant à la folie de la guerre, à son passé et ses fantômes.
« Vers la bataille » fait partie de ces films qui impriment longtemps la rétine. La mise en scène impressionne fortement pour un premier long-métrage, signé Aurélien Vernhes-Lermusiaux. En nous faisant partager l’incroyable destin de Louis, le cinéaste livre une ode à l’image, à toutes les images, comme ces paysages mexicains somptueux. Un naturalisme éblouissant, élément supplémentaire dans cette descente vers de sombres abysses. Malik Zidi, aussi halluciné que Klaus Kinski dans le mythique « Aguirre » (1972) de Werner Herzog, grand frère en sauvagerie habitée de ce film, ajoute à sa réussite totale.
LA NOTE DE LA RÉDACTION : 4,5/5
« Vers la bataille », d’Aurélien Vernhes-Lermusiaux, avec Malik Zidi, Leynar Gomez, Thomas Chabrol… (1h30)
Pema Tseden, le grand cinéaste tibétain, ne raconte pas de jolies histoires sur le bouddhisme. Son cinéma n’est pas zen, mais ancré dans une réalité brutale. « Balloon » doit son titre à des préservatifs dont des gamins se saisissent pour souffler dedans très fort. Ça les fait rire. Pas leur mère. C’est la honte pour elle et la famille, au village. Drolkar, son mari, et ses trois fils — déjà deux de trop, selon la loi chinoise, il faut payer une amende — vivent à l’écart de tout, dans un paysage de premier matin du monde, sublime, où ils élèvent des brebis avec qui ils entretiennent un lien familial.
Drolkar a un mari qui la désire beaucoup et fort. « Comme un bélier », rigole-t-elle avec sa copine médecin de la ville, qui tente de l’initier à la contraception. « Balloon » pourrait être un conte rural ou une comédie. Mais derrière cette ligne narrative s’en cache une autre, plus douloureuse, et ces esprits qui rôdent, le karma, la réincarnation, les croyances traditionnelles qui divisent jusqu’au sein du couple.
Ce qui pourrait ressembler à un témoignage pastoral révèle l’instabilité des êtres et des liens. La pureté d’un ciel ou d’une plaine aux herbes ondulant à l’infini ne peuvent apaiser les conflits. Ou le karma. Dans la steppe comme chez nous, la même difficulté de rester une famille, d’être libre. Comme ses personnages taiseux, on a le cœur brisé sans qu’un mot ne soit dit.
LA NOTE DE LA RÉDACTION : 4/5
« Balloon », film chinois de Pema Tseden, avec Sonam Wangmo, Jinpa, Yangshik Tso… (1h30)
Monsieur Kobayashi vit dans une bourgade japonaise avec sa très jeune épouse qui élève sa fille d’un premier lit — on le croit veuf, puis on ne sait plus du tout ce qu’il faut croire — dans sa petite imprimerie de quartier. Une échoppe où la vie suit son cours ordinaire, dans ce Japon où rien, jamais, ne doit être dit de ce qui ne va pas. Seule bizarrerie, ces rondes de quartier organisées par les habitants pour chasser les supposés SDF et pauvres hères. Survient Kagawa, au sourire porté comme une arme toujours prête à défourailler. C’est le fils de l’ancien associé de Kobayashi, il n’a ni travail ni argent ni même de logement. Le voilà qui s’installe. Et tout qui déraille, petit à petit puis de plus en plus vite.
Le charme de « Hospitalité », de Koji Fukada, révélé en France par « Harmonium », « Saronaya » ou « l’Infirmière » — tous ses films ressortiront cet été — naît de ce que l’on ne prévoit jamais la scène suivante, de plus en plus surprenante. Qui n’a pas un secret à cacher ? Au début du film, on a pensé à Chabrol ou à Ozon — pas à Ozu, mais alors pas du tout — dans le portrait grinçant d’une vie de quartier moins policée et plus polissonne qu’elle n’en a l’air. Mais Fukada s’attaque à la question de l’immigration au Japon, à la fois massive et totalement niée par les autorités, par le biais de la farce. L’ultime qualité de ce petit brûlot est de ne pas imposer de morale. Au spectateur de savoir placer le curseur de son « Hospitalité ».
LA NOTE DE LA RÉDACTION : 3,5/5
« Hospitalité », comédie japonaise de Koji Fukada (2010) avec Kanji Furutachi, Kiki Sugino, Kumi Hyodo. (1h36)
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