«La connaissance de l’Histoire ne nous préserve pas du pire, le pire peut toujours se produire et c’est en le connaissant que nous pouvons le prévenir». C’est ce qu’a déclaré François Hollande dimanche lors de la Journée de la Déportation. Il a commémoré avec les principaux dirigeants des instances européennes la libération du camp de concentration du Struthof (Bas-Rhin), le seul installé par les nazis sur le territoire français, dans l’Alsace alors annexée par l’Allemagne. Ce fut le premier camp de ce type découvert par les Alliés à l’Ouest.
«L’antisémitisme et le racisme sont encore là et donc nous devons à travers cette cérémonie du Struthof agir pour protéger ceux qui peuvent en être encore des victimes», a-t-il poursuivi. Le président de la République est arrivé dans le camp vers 15h50 avec l’Allemand Martin Schulz, le président social-démocrate du Parlement européen. Il en est reparti vers 18h20 après avoir rencontré des déportés. Parmi eux, Robert Salomon, près de 90 ans, secoué de sanglots, avait décrit, en tenue de déporté, «l’enfer» des «Nacht und Nebel» (Nuit et brouillard), ces résistants comme lui que les nazis voulaient faire disparaître dans les camps. Il a ému l’assistance par son appel à la paix et à l’Europe.
VIDEO. Extrait du discours de Robert Salomon, résistant et déporté
Construit sur le site d’une petite station de montagne, sur le versant alsacien des Vosges, le Struthof-Natweilern qui comprenait, outre le camp principal, une tentaculaire nébuleuse de camps annexes, fut le lieu de détention de quelque 52.000 déportés essentiellement des politiques, dont nombre d’Allemands, et des résistants mais aussi des Juifs, des Tziganes et des homosexuels. Près de 22.000 d’entre eux y périrent.
Hollande : «Le fait d’Européens»
François Hollande est le premier président à visiter la chambre à gaz de ce camp, où a été créé le Centre européen du résistant déporté, inauguré en 2005 par Jacques Chirac. Outre Martin Schulz, le président était entouré du président du Conseil européen, Donald Tusk, ainsi que de la Première ministre de Lettonie, Laimdota Straujuma, qui assure la présidence tournante de l’UE, et du secrétaire général du conseil de l’Europe, Thorbjørn Jagland. «Ce qui s’est passé ici est un crime atroce qui s’est produit en Europe et qui a été le fait d’Européens», a rappelé le président français qui s’est recueilli dans la chambre à gaz.. «L’Union européenne ne s’est pas créée pour un marché ou une monnaie, mais pour la paix et la sécurité», a-t-il affirmé. En résonance avec l’actualité, il a appelé à la solidarité face à l’afflux de migrants en Méditerranée.
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La chambre à gaz servait essentiellement pour des expérimentation médicales de gaz de combat sur les détenus. Quelque 86 juifs, venus d’Auschwitz, y furent aussi assassinés et leurs corps entreposés à l’université de Strasbourg, par les nazis qui voulaient en faire des spécimens d’une race vouée à l’extermination.
Une émission de la Fabrique de l’Histoire sur France Culture, «Un Retour au Struthof», permet d’en savoir davantage sur ce camp.
VIDEO. Hollande au Struthof pour la Journée nationale de la Déportation
Valls : «La lutte contre la barbarie n’est pas terminée»
Manuel Valls a appelé dimanche à «poursuivre le combat» contre une barbarie qui «peut changer de visage», en célébrant le souvenir de la déportation, au mémorial parisien dédié à ses martyrs, à la pointe de l’île de la Cité. Le Mémorial parisien, inauguré en 1962 par le général de Gaulle, accueille précisément les cendres d’un déporté inconnu du Struthof.
Le Mémorial avait fermé ses portes dix mois pour rénovation. En présidant à sa réouverture, Manuel Valls a indiqué que le chantier se poursuivrait avec l’ouverture l’an prochain d’un «projet muséographique d’ampleur». «La transmission est l’un des volets phares du plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme que j’ai annoncé il y a dix jours», a dit le chef de gouvernement. «Comment tolérer en effet que dans certains établissements scolaires de la République, on ne puisse plus enseigner l’Histoire sans s’exposer à des contestations ? » a-t-il martelé.
«La France connaît intimement le poids de la barbarie. De toutes les blessures de son passé, elle a su faire sa force», a-t-il poursuivi. «Une force qui lui permet de combattre aujourd’hui, ici, sur son sol, mais aussi en Afrique et au Moyen-Orient, ce nouveau totalitarisme, ces armées assoiffées de mort qui, au nom d’un Islam dévoyé, veulent partout répandre la terreur, faire couler le sang, comme ce fut le cas les 7,8 et 9 janvier. Comme ce fut le cas à Copenhague, à Tunis, au Kenya».
VIDEO. Valls appelle à poursuivre le combat
Quatre résistants bientôt au Panthéon
Le cycle de commémoration, omniprésent dans l’agenda de François Hollande depuis un an, devrait s’achever le 27 mai avec l’entrée au Panthéon de quatre grandes figures de la Résistance : Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay.
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