Le 7 février 1992, les États membres de la Communauté économique européenne signaient le fameux traité de Maastricht, posant les bases d’une politique économique commune. Ils étaient alors douze pays à poser sur la photo: l’Allemagne, la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Danemark, l’Irlande, le Royaume-Uni, la Grèce, l’Espagne, et le Portugal.
20 ans plus tard, l’Europe a bien grandi puisqu’elle accueille 27 membres, et bientôt 28 avec l’entrée programmée de la Croatie le 1er juillet 2013. Mais qui respecte désormais les fameux “critères de Maastricht”? À première vue, pas grand monde. Sinon, Angela Merkel n’aurait pas milité pour un nouveau traité européen réaffirmant peu ou prou l’obligation de respecter ces critères. Une redondance pointée du doigt, il y a quelques semaines, par le Parlement européen.
En août 2010, le Premier ministre polonais Donald Tusk estimait même que son pays serait prêt en 2015 à remplir les critères de Maastricht et qu’il remplissait déjà à l’époque “davantage de critères que la majorité des membres de la zone euro”. Sauf que cela fait bien longtemps que l’on a cessé de les scruter, ces critères. La preuve? Peu de gens savent encore en quoi ils consistent.
Etonnamment, aucun document européen ne recense les pays qui satisfont ces critères. Seraient-ils devenus inutiles? Aucun pays ne serait capables de remplir les conditions? Mystère. Pour en avoir le coeur net, Le Huffington Post a épluché les dernières statistiques publiées pour l’année 2011 (indice des prix IPCH, statistiques à fin 2011 sur la dette et les déficits publics d’Eurostat, obligations d’Etat à 10 ans en données annuelles, etc.) et regardé les critères que remplit chaque pays en 2011. Certains chiffres n’étant pas encore définitifs dans certains pays, ils sont susceptibles de varier mais ne devraient pas changer radicalement les résultats.
Le premier enseignement, plutôt surprenant en pleine crise financière, c’est qu’il existe selon nos calculs encore trois pays à faire carton plein: 5/5. L’un d’eux fait même partie des membres fondateurs qui étaient là il y a 20 ans: le Danemark! Le deuxième est une pièce rapportée qui a adopté la monnaie unique: la Finlande. Enfin, toujours dans le Nord de l’Europe, la Suède remplit également les cinq critères bien qu’étant arrivée tardivement dans l’Union européenne et en ayant fait le choix de garder sa monnaie nationale.
Ce dernier collectionne d’ailleurs des chiffres qui laissent rêveur. Une inflation à seulement 0,40%, des taux à 2,61% (ils ont emprunté en 2011 au même prix que l’Allemagne, le maillon fort de l’Union européenne) et, surtout, non pas un déficit public mais un excédent public, +0,2%!
Difficile donc de conclure, à la vue des différences entre ces trois pays, que l’entrée dans l’Union européenne ou dans la zone euro empêche de remplir les critères.
Quatre sur cinq, c’est déjà pas mal. Et ces pays parmi les plus scrupuleux avec Maastricht ne sont pas forcément ceux que l’on attendrait. Il s’agit de la Bulgarie, qui a une inflation de seulement 2% et un endettement de seulement 15%. Et il s’en est fallu de peu pour qu’il remplisse les 5 critères: son déficit public est de 3,1% alors qu’il ne fallait pas dépasser la barre des 3%. Idem pour la Slovénie, mais avec un déficit public bien supérieur (5,8%). Quant à l’Estonie, elle entre également dans cette catégorie avec même un excédent public de 0,2% et une dette de seulement 6,1% (contre 60% autorisés)! Seule une inflation de 4,10% l’empêche d’avoir 5/5. Le pays a également pratiqué une dévaluation déguisée il y a quelques années, en maintenant le niveau des changes et en baissant les salaires.
Enfin, l’Espagne, le pays sur lequel se porte toute l’attention de la zone euro pour éviter l’effet contagion de la Grèce, aurait pu, à peu de choses près, remplir 4 des 5 conditions. Seule une dette publique de 66% (au lieu de 60%) l’empêche de faire partie de cette catégorie.
Puisqu’aucun pays n’a pratiqué de dévaluation ces deux dernières années, ils remplissent tous ce critère. Un challenge particulièrement simple à relever… pour les pays de la zone euro. Ensuite, les choses se compliquent… Le Portugal ne remplit aucun des 4 autres critères, avec une dette de 110,10% du PIB et des taux d’intérêt au-delà de 10%. La Hongrie non plus ne fait pas mieux que 1 sur 5. La Grèce? Contre toute attente, elle remplit tout de même deux critères: la non dévaluation, bien sûr, mais aussi l’inflation restée à 2,2%. Mais il s’agit là du signe d’une panne de croissance plus que d’une réelle maîtrise du niveau des prix. Pour le reste, elle affiche de tristes record dans l’Union européenne: déficit public de 10,6% du PIB, dette publique de 159,10% et taux d’intérêt à 15,75%.
En fin de compte, l’Allemagne, si intransigeante sur le respect de la “règle d’or” n’est pas si bon élève que cela. Si elle contient bien son inflation et, grâce son triple A, ses taux d’intérêt, elle dépasse les deux plafonds sur les finances publiques: 4,3% du PIB de déficit public et 81,80% de dette publique.
La France, de son côté, ne respecte que 2 critères sur 5. La non dévaluation, bien sûr, et les taux d’intérêt, malgré la perte du triple A. L’inflation, estimée à 2,68% selon l’indice IPCH, se situe légèrement au-dessus du niveau autorisé (2,63%).
Outre-manche, le Royaume-Uni n’est pas mieux loti, avec un 2/5 mais, surtout, un des taux d’inflation parmi, les plus élevés d’Europe en 2011 (4,80%), un déficit record de 10,3% du PIB et une dette équivalente à celle de la France (85.2%).
L’Italie, enfin, possède le niveau d’endettement le plus élevé après la Grèce (115.50%) et termine, elle aussi, avec un 2/5.
Dans les Etats membres historiques ayant signé le traité, on compte en définitive:

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