La Corée du Nord devrait faire face à une pénurie alimentaire d'environ 860.000 tonnes cette année, selon les derniers calculs de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Les effets de cette pénurie pourraient se faire sentir entre août et octobre.
Par Claude Fouquet
En juin, Kim Jong-un avait, sans donner de détails, reconnu que son pays faisait face à une « situation alimentaire tendue ». Dans un rapport publié cette semaine , l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) donne un peu plus de consistance à ces déclarations du dictateur nord-coréen.
Selon les calculs de la FAO, il manquera l'équivalent de 860.000 tonnes de denrées alimentaires cette année pour subvenir aux besoins de la population du pays le plus fermé au monde. Ce qui correspond aux besoins alimentaires du pays pendant un peu plus de deux mois.
Ces estimations sont-elles ou non loin de la réalité ? Difficile d'avoir des certitudes, car l'agence onusienne s'appuie avant tout sur des chiffres communiqués par Pyongyang et dont la fiabilité n'est pas des plus grandes.
S'appuyant sur ces données officielles pour l'année 2020, et sur les premiers chiffres disponibles pour le début de 2021, la FAO estime que la Corée du Nord devrait produire 5,6 millions de tonnes de grains cette année. C'est un peu plus que l'an passé (5,1 millions), mais cela reste toujours insuffisant pour nourrir correctement la population.
Selon la FAO, il faudrait produire un peu moins de 1,1 million de tonnes de nourriture supplémentaire pour y parvenir. Une estimation plus faible que celle réalisée par un groupe de réflexion lié au gouvernement sud-coréen. Début juin, l'Institut coréen du développement (KDI) avait en effet estimé que la pénurie alimentaire au nord serait plus proche de 1,35 million de tonnes cette année.
Dans tous les cas, Pyonyang devra donc impérativement se tourner vers l'extérieur. « Les importations commerciales officiellement prévues sont de 205.000 tonnes », détaille la FAO. Et ce fait la pénurie alimentaire devrait être de l'ordre de 860.000 tonnes.
« Si ce manque n'est pas correctement couvert par les importations commerciales ou par l'aide alimentaire, les ménages risquent une période de soudure (sic) difficile entre août et octobre », alerte le rapport. Une période qui coïnciderait pourtant avec celle pendant laquelle les récoltes sont les plus importantes.
La monnaie de Corée du Nord s'envole alors que l'économie s'effondre
A moins que la Chine, qui pèse pour 90 % des échanges extérieurs de la Corée du Nord, ne vienne à la rescousse. Il n'est sans doute pas innocent si Kim Jong-un a, la semaine dernière, déclaré que le Parti des travailleurs de Corée « allait élever l'amitié avec la Chine à un nouveau point stratégique ». Et si le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a répondu en soulignant que « si nécessaire, la Chine envisagera activement d'aider la République populaire démocratique de Corée », rappelant la « longue tradition d'assistance mutuelle » des deux pays.
Seule certitude, alors que depuis un an la pression sur l'économie nord-coréenne a été renforcée par la fermeture des frontières, ordonnée pour lutter contre la pandémie de Covid, et par des conditions météorologiques difficiles qui ont aussi touché la Corée du Sud , Pyongyang prend les choses au sérieux. Au point qu'au-delà des déclarations de Kim Jong-un, le quotidien officiel nord-coréen « Rodong Sinmun » se fait, lui aussi, l'écho des difficultés que traverse le pays.
L'exécutif nord-coréen élabore « des plans pertinents alors que tout le pays s'efforce de soutenir le secteur agricole », écrivait en mai l'organe de presse du Parti du travail au pouvoir. Et d'ajouter que la priorité au sein du Parti était de fournir « quoiqu'il arrive » ce qui est nécessaire au secteur agricole comparé à « une ligne de front majeure pour le développement économique socialiste ».
Claude Fouquet
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