En France, nous consommons plus de 40 000 tonnes de miel chaque année, soit 600 g en moyenne par personne, avec une prédilection pour le « miel de fleurs ». Mais les perturbations météorologiques du printemps dernier ont limité la récolte de miel à moins de 9 000 tonnes pour 2021.

D’où une présence accrue, dans les rayons des magasins, de miels de fleurs importés. Afin d’évaluer la qualité des produits français et étrangers, nous avons analysé 24 miels de fleurs liquides et crémeux.
Au-delà de la multitude de critères physico-chimiques (composition en sucres, taux d’humidité, quantité d’enzymes, etc.), notre laboratoire a analysé la nature et les quantités de grains de pollen présents dans chaque produit. Une précieuse information qui permet de savoir de quelles espèces florales le miel est issu.

Parce que derrière l’appellation générique « miel de fleurs » – la seule mention officiellement autorisée pour ce type de miel – se cachent en réalité toutes sortes d’essences. Celles-ci dépendent de la zone de 3 kilomètres autour de la ruche, de la saison de récolte et, bien entendu, de l’origine géographique du miel.
Menées sur 24 pots de miels de fleurs, français et importés, nos analyses ont permis de classer les miels selon leur composition, leur fraîcheur, leur origine, de vérifier l’absence de fraudes ou encore de connaître leur degré de « propreté ». Découvrez tous nos résultats dans le numéro de novembre 2021 de 60 Millions de consommateurs.
Le fabricant peut indiquer la nature du mélange (par exemple : miel de lavande et miel d’eucalyptus) sur le pot, à condition que les fleurs et végétaux mentionnés aient la même période de production et la même origine géographique.

Toutefois, il est très rare de trouver ces indications, mis à part pour les miels affichant un label comme l’indication géographique protégée (IGP). La raison ? La plupart des produits que l’on trouve en grandes surfaces sont constitués d’un mélange de miels… parfois très exotiques.

Certains peuvent venir à la fois d’Espagne, de Bulgarie, du Mexique, d’Argentine, etc. Le consommateur a heureusement accès à cette liste : en France, l’obligation d’indiquer sur les étiquettes tous les pays d’origine est obligatoire depuis le 1er janvier 2021.

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Au sein de notre sélection de 24 produits, Lune de miel affiche le plus grand nombre d’origines avec six pays différents (Argentine, Uruguay, Mexique, Ukraine, Espagne et France) ; toutefois, l’analyse des pollens reflète une composition relativement homogène, à base de miel d’eucalyptus. Preuve que certaines origines sont largement prépondérantes.

À l’inverse, le miel de fleurs Monoprix, importé de trois pays d’Amérique, comporte en proportions quasi égales des miels d’eucalyptus, de Bursera spp. (arbres ou arbustes d’Amérique centrale) et de lotus.

Parmi les premiers miels de notre classement, la référence Les Ruchers du Luberon affiche l’IGP Provence. Les pollens retrouvés dans ce miel attestent bien de cette origine, avec un tiers d’entre eux issus de fleurs de ronces, de brassicacées (une large famille végétale qui inclut par exemple le chou, la moutarde, la monnaie-du-pape, etc.) et, en moindres proportions, de châtaignier commun et de marronnier d’Inde.
 
Autre enseignement : les miels bio ne proviennent pas forcément de fleurs sauvages ou de « petites » cultures. Ainsi, le miel de fleurs Bio Village est constitué à 60 % de miels de tournesol et de colza, deux plantes issues de grandes cultures. Ici, il s’agit d’un mélange provenant de Bulgarie, d’Espagne et de Hongrie.

Qui plus est, la réglementation européenne sur l’agriculture biologique précise que les sources de nectar et de pollen doivent être constituées « essentiellement » de milieux naturels ou de cultures traitées avec une incidence faible sur l’environnement (notamment bio). La nouvelle réglementation, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2022, ne changera rien à cette notion.

En France, l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao) a traduit ce « essentiellement » par un seuil de 50 %. En d’autres termes, un miel peut être déclaré bio si l’on compte 49 % de cultures conventionnelles dans un rayon de 3 kilomètres autour de la ruche…

Journaliste : Patricia Chairopoulos. Ingénieur : Antoine Haentjens

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