Un soldat ukrainien face à une fosse commune de civils tués, selon les habitants par les forces russes à Boutcha, le 6 avril 2022. (Alkis Konstantinidis/REUTERS)
La propagande russe se fissure de jour en jour. Ce jeudi, le journal allemand Der Spiegel révèle que des conversations entre soldats russes ont pu être identifiées par les services de renseignements allemands, attestant de la responsabilité de l’armée russe dans le massacre de civils à Boutcha.
Les images terribles de la ville de Boutcha ont fait le tour du monde et sont devenues le symbole des atrocités de la guerre en Ukraine. Dans les rues de cette petite ville au nord-ouest de la capitale, une fosse commune a été découverte, tandis que les corps de civils exécutés, parfois sévèrement torturés, étaient retrouvés en divers endroits. Ces scènes de massacres ont été découvertes dans le sillage du recul de l’armée russe vers l’est de l’Ukraine.
Côté russe, le gouvernement nie la responsabilité de son armée dans ces crimes de guerre et accuse l’Ukraine d’une mise en scène. Selon la propagande de Moscou, les cadavres de civils auraient été placés après que les troupes russes ont évacué les lieux. Les écoutes interceptées par les services spéciaux allemands ne laissent pas place au doute. Dans certains messages radio qui ont pu être localisés, les conversations sont même liées précisément à des personnes retrouvées mortes après le retrait russe.
Die Aufnahmen des BND legen den Schluss nahe, dass es sich weder um Zufallstaten handele noch um Aktionen einzelner aus dem Ruder gelaufener Soldaten. Vielmehr lege das Material nahe, so hieß es, die Soldaten unterhielten sich über die Gräueltaten wie über ihren Alltag. #Butscha
Dans ces enregistrements, on peut ainsi entendre un soldat dire à un autre qu’il vient de tirer sur une personne à vélo. Ce qui, selon le Spiegel, pourrait correspondre à la photo du cadavre gisant à côté d’un vélo qui a été partagée dans le monde entier. Dans une autre conversation, un homme martèle : «D’abord vous interrogez les soldats, ensuite vous les abattez». Dans deux communications distinctes, des soldats russes décrivent la manière dont ils interrogent des soldats et des civils avant de les abattre, selon un responsable des services de renseignement, qui s’est exprimé anonymement auprès du Washington Post. D’après elle, les discussions autour des meurtres de civils semblent anodines, comme si ces crimes de guerre n’étaient pas le fruit d’initiatives individuelles, venues notamment de jeunes soldats déboussolés, mais faisaient partie intégrante de la stratégie militaire russe, et qui ne se limite pas à la ville de Boutcha. «Les soldats parlaient des atrocités comme de leur vie quotidienne» peut-on d’ailleurs lire dans Der Spiegel.
Autre révélation, les mercenaires du désormais tristement célèbre groupe paramilitaire privé Wagner auraient joué un rôle de premier plan dans ces atrocités. Une hypothèse que semblent confirmer des témoins de la ville de Boutcha, qui expliquent qu’après le remplacement des unités de soldats dans la ville par des mercenaires, mais également des groupes Tchétchènes, les attaques contre les civils seraient devenues très fréquentes. Dans l’objectif de «semer la peur au sein de la population civile et de réduire ainsi la volonté de résistance», affirme la publication Der Spiegel.
Les services de renseignements allemands ont transmis des informations détaillées sur les écoutes aux parlementaires de leur pays. De son côté, le gouvernement allemand avait déclaré mercredi que la position russe selon laquelle la mort des civils relevait d’une mise en scène n’était «pas tenable» au vu des images satellites qui ont été diffusées. Le quotidien Der Spiegel précise que d’autres communications radio interceptées, parfois plus complexes à localiser, sont en cours d’analyse.
© Libé 2022
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