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Source : Sujet TF1 Info
19 684 €. Ce mercredi matin, le Bitcoin s’affichait toujours en dessous de la barre des 20 000 €. Loin des 68 513 €, sa valeur record affichée en novembre 2021. Une volatilité qui ne semble pas faire peur aux Français. En 2021, 8 % d’entre nous déclaraient détenir des cryptomonnaies, d’après un sondage mené par Ipsos et commandé par l'Association pour le développement des actifs numériques. Ces monnaies virtuelles ne disposent pas de support physique, elles s’échangent d’investisseur en investisseur sans intermédiaire. Aucune banque centrale ne les régule et ni l’or, ni le dollar, par exemple, ne les indexent. Des bases de données hébergent en ligne leurs codes et les transactions entre investisseurs. Une succession d’ordinateurs vérifie l’authenticité et la valeur des monnaies virtuelles.
La cryptomonnaie dit soutenir des projets concrets dans l’immobilier, les nouvelles technologies ou la santé. Les transactions s’opèrent immédiatement : vous pouvez utiliser instantanément l’argent que vous achetez. Beaucoup d’investisseurs s’enthousiasment pour ces monnaies indépendantes et décentralisées. Elles permettraient aux investisseurs de choisir les projets qu’ils souhaitent financer sans être contrôlés par les États. Libres, elles ne suivraient pas la conjoncture économique. Or, il semble que ces monnaies virtuelles s’institutionnalisent et suivent le chemin de leurs grandes sœurs émises par des banques centrales.
À l’instar des bourses traditionnelles, les cryptomonnaies connaissent depuis plusieurs mois une chute parfois spectaculaire. En cause, la remontée des taux d’intérêt imposés par les banques centrales. La Fed aux États-Unis, la Banque centrale européenne ou la Banque d’Angleterre relèvent leurs taux pour tenter de juguler l’inflation. À Washington, le taux directeur s’établit désormais à 3,25 %. Objectif, augmenter les taux d’intérêt des divers prêts aux particuliers et professionnels pour tenter de ralentir l’activité économique et diminuer la demande pour faire baisser les prix. Résultat, la monnaie coûte plus cher et les investisseurs préfèrent vendre leur liquidité.
Depuis les bourses chutent et les cryptomonnaies suivent. L’économie les confond : banques et fonds d'investissement garnissent leurs portefeuilles de cryptomonnaies depuis plusieurs années. Ils les considèrent comme des actions en bourse. Les cryptomonnaies financent des projets soutenus par des entreprises technologiques cotées au Nasdaq (bourse américaine) à l’image de Tesla. Or, lorsque l’économie se rétracte, les investisseurs préfèrent se tourner vers des valeurs refuges. Ils jugent que le marché des cryptomonnaies n'offre pas assez de sécurité.
Et cela se vérifie, avec toujours de fortes variations. En six mois, le Bitcoin a perdu près des trois quarts de sa valeur. Cette forte correction répond à une hausse continue et rééquilibre la valeur réelle de la monnaie virtuelle. Une situation conforme aux marchés financiers les plus fragiles, dépendants de l’offre et de la demande. Bruno Séjourné, directeur de l’École Supérieure d’Économie et de Management des Patrimoines (ESEMAP), spécialiste des comportements d’épargne, rappelle que les cryptomonnaies restent des nouvelles catégories d’actifs plus risquées : "Ces marchés de cryptomonnaies enregistrent beaucoup de transactions, mais ne disposent pas de réserves de valeur. Les cours évoluent tellement que les investisseurs en perdent leurs repères." Le chercheur ajoute que peu d’entreprises et de commerces l’acceptent, même si l’État du Salvador s’y est mis depuis quelques mois.
En 2022, quelques projets financés par les cryptomonnaies ont disparu. L’initiative Terra (avec sa monnaie Luna), visait à alimenter des systèmes de paiement. Son fondateur coréen, désormais poursuivi par la justice, a escroqué ses investisseurs en leur faisant perdre près de 40 milliards de dollars. Il s’agissait d’un stablecoin, une monnaie numérique adossée à une valeur refuge et moins soumise aux aléas des marchés. La valeur de Terra restait protégée et garantie par des réserves finalement alimentées de manière superficielle par son créateur. Le système a connu des failles et la méfiance s’est propagée à d’autres cryptomonnaies au point de générer au printemps un vent de panique momentané.
Karl Toussaint Du Wast, conseiller en gestion de patrimoine et cofondateur de Net Investissement, encourage les Français à investir. Il conseille néanmoins de se renseigner : "Il ne faut pas acheter parce que c’est cool. Donnez un objectif à votre épargne et comprenez toujours ce que vous faites. Formez-vous et diversifiez votre épargne."
Enfin, le contexte géopolitique impacte également les cryptomonnaies. Dans les pays en développement ou dans les pays ou la monnaie nationale fluctue quotidiennement, commerçants et consommateurs utilisent des cryptomonnaies pour acheter et vendre des produits du quotidien. En Argentine, par exemple, où le Pesos a perdu 99 % de sa valeur en 20 ans, les cryptomonnaies servent d’alternative à un système financier qui ne fonctionne pas. Des transactions illégales impossibles à réaliser dans les pays riches à l’image de la France.
La guerre en Ukraine déstabilise tout autant le marché des cryptomonnaies. Le président ukrainien Volodymyr Zelinsky a légalisé les cryptomonnaies et son pays en a reçu plusieurs centaines de millions pour financer la guerre. Cette décision permet de limiter les capacités des systèmes financiers des belligérants et accélère le processus de dons. Russes et Ukrainiens en achètent pour faire face à l’effondrement de leurs monnaies nationales. Pas de quoi doper la confiance des investisseurs.
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