L’enquête sur le meurtre sauvage d’Eliot Charlet a connu une avancée spectaculaire. Au terme de quatre jours de garde à vue dans les locaux de l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) à Nanterre (Hauts-de-Seine), six hommes ont été mis en examen ce jeudi soir pour « meurtre en bande organisée » par un juge d’instruction à Paris. Cinq ont été placés en détention provisoire tandis que le sixième est ressorti libre du tribunal sous contrôle judiciaire. Tous sont soupçonnés d’être impliqués dans la mort du jeune Breton de 24 ans, retrouvé étranglé et le corps partiellement calciné dans une forêt en Croatie le 20 mars 2020. Le jeune homme, qui avait l’habitude de voyager comme touriste à l’étranger, avait déclaré à ses proches qu’il voulait travailler dans la restauration et avait pris un vol fin février 2020 pour la capitale croate avant de s’installer sur la côte Adriatique. Il avait ensuite disparu et sa dépouille avait été découverte un mois plus tard dans une clairière.
Après deux ans d’investigations, un scénario autour d’une arnaque à l’assurance décès se dessine. Parmi les six suspects mis en examen figure Erwan G., un escroc surnommé le Madoff lyonnais connu pour de multiples magouilles financières en tout genre. Il avait rencontré Eliot Charlet fortuitement lors d’un voyage en covoiturage. Selon la piste retenue à ce stade, Erwan G. aurait convaincu la victime de souscrire des assurances-décès pour un montant d’1,2 million d’euros à son bénéfice. Il était ensuite prévu que le jeune Breton se fasse passer pour mort en Croatie dans un accident en établissant un faux certificat de décès. Il aurait ensuite vécu sous une nouvelle identité et, une fois l’argent débloqué, aurait partagé le fruit des contrats avec son compagnon d’escroquerie. Mais ce qui devait être une arnaque, certes audacieuse mais indolore, a viré en assassinat pour un motif encore indéterminé.
En garde à vue, Erwan G. a formellement contesté toute implication dans le meurtre d’Eliot Charlet. Les enquêteurs ont découvert que l’escroc avait voyagé en Croatie à deux reprises fin février 2020 et au début du mois de mars. Lors de ses auditions, ce dernier a expliqué qu’il était simplement venu récupérer de l’argent emprunté au jeune Breton – des mouvements bancaires de quelques milliers d’euros ont été découverts sur les relevés de la victime – et qu’il est rentré en France en le laissant vivant. Un rapport d’autopsie menée par un médecin légiste croate avait établi le meurtre d’Eliot Charlet le 19 mars. A cette date, Erwan G. avait déjà quitté le pays des Balkans. Mais des doutes subsistent encore sur la date réelle du meurtre du jeune Breton et il n’est pas exclu que celui-ci soit intervenu plus tôt. Contacté, l’avocat d’Erwan G., Me Matthieu Chavanne, n’a pas souhaité s’exprimer. L’aigrefin vivait à Mulhouse (Haut-Rhin) au moment de son arrestation mardi.
Dans les cinq autres mis en examen figure un ancien codétenu d’Erwan G., un certain Yannick D., originaire de la Seine-Saint-Denis. Ils se sont rencontrés à la prison de Villepinte alors qu’Erwan G. purgeait une peine pour de multiples escroqueries, notamment à l’assurance-décès, tandis que le second avait été mis en cause pour trafic de stupéfiants. La justice se demande si Erwan G. n’aurait pas sollicité son ami pour mettre à exécution le jeune Breton. Les trois autres suspects sont des jeunes issus d’une cité de Rosny-sous-Bois, proches de Yannick D. Ce trio avait curieusement effectué à deux reprises un périple en voiture jusqu’à la frontière slovéno-croate. En garde à vue, ils ont déclaré qu’ils comptaient récupérer quelque chose en Croatie, sans que l’on sache quoi précisément mais des documents ou une dette d’argent sont évoqués, mais qu’ils ne sont pas parvenus à entrer sur le territoire faute de papiers. Yannick D. comme les trois jeunes voyageurs ont également nié tout lien avec le meurtre d’Eliot Charlet, qu’ils disent ne pas connaître. « Ce qui est troublant dans ce dossier, c’est qu’on met en examen mon client et trois de ses connaissances pour meurtre en bande organisée alors qu’aucun d’entre eux n’est allé en Croatie à la période des faits », réagit Me Philippe Herbeaux, avocat de Yannick D.
Le mobile – financier et crapuleux – du meurtre d’Eliot apparaît désormais clair, reste à savoir qui précisément l’a ordonné et combien de personnes ont du sang entre les mains. Deux autres suspects placés en garde à vue mardi par les policiers de l’OCRVP ont été relâchés sans charges ce jeudi.
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