Alors que la Russie a massé 100 000 soldats à sa frontière avec l’Ukraine, les Occidentaux craignent une invasion imminente. Le conflit cristallise les tensions issues de la fin de la guerre froide dans la région.
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Entre l’Ukraine et la Russie, un conflit aux braises jamais éteintes
Un soldat ukrainien dans une tranchée, sur la ligne de front entre l’Ukraine et la République populaire de Donetsk, constituée par les séparatistes pro-russes soutenus par Moscou.
Andriy Andriyenko/ZUMA PRESS/MAXPPP
La guerre va-t-elle éclater en Ukraine ? Malgré plusieurs rencontres entre Russes et Américains depuis le 10 janvier et une réunion entre le secrétaire d’État des États-Unis, Antony Blinken, et son homologue russe, Sergueï Lavrov, le 21 janvier, les tensions ne se résorbent pas. Londres et Washington accusent publiquement la Russie de préparer une attaque « éclair » afin de s’emparer de Kiev, la capitale ukrainienne. Dans le même temps, Moscou balaye ces accusations et demande comme préalable à toute négociation l’interdiction de l’élargissement de l’Otan, une exigence à laquelle les Occidentaux refusent de se plier.
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Les tensions entre Occidentaux et Russes ont été ravivées quand le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a annoncé le 13 novembre que la Russie avait amassé 100 000 soldats à sa frontière. Peu après, des images satellites montrant d’importants travaux d’agrandissement en cours sur des bases militaires russes, à quelques dizaines de kilomètres de l’Ukraine, ont été diffusées.
Des vidéos corroborant ces importants déplacements de troupes et d’armes lourdes apparaissent sur les réseaux sociaux. Les renseignements américains renchérissent en affirmant que la Russie aurait déployé des agents dans l’est du pays afin de mener des opérations de « sabotage » contre les forces prorusses, qui pourraient ensuite servir à justifier une invasion. En réponse, les Occidentaux ont annoncé l’envoi de navires de guerre et d’avions en Europe de l’Est.
Воронеж pic.twitter.com/fc2I1cSkg8
En dehors de ces préparatifs militaires, le département du Trésor américain a dénoncé des tentatives de déstabilisation qui pourraient préfigurer une offensive : il a notamment imposé des sanctions contre quatre officiels ukrainiens, dont deux parlementaires, pour leur collaboration avec les services secrets russes. Le département américain a aussi évoqué des « cyberopérations répétées contre les infrastructures essentielles ukrainiennes, qui font partie des tactiques hybrides russes pour menacer l’Ukraine ».
Pour comprendre l’origine du conflit, il faut remonter en 2004 : à l’époque, le prorusse Viktor Ianoukovitch est élu dans un scrutin contesté. Les Ukrainiens descendent dans la rue, et le scrutin est annulé grâce au soutien des Occidentaux : c’est la « révolution orange ». En 2010, Viktor Ianoukovitch arrive finalement au pouvoir et s’engage à négocier un accord de coopération avec l’Union européenne (UE). Sous pression russe, il fait volte-face en 2014.
La révolution de Maïdan débute et pousse le président ukrainien à fuir en Russie. Pour contrer sa perte d’influence dans le pays, Moscou annexe la Crimée en mars 2014 et soutient activement les séparatistes prorusses de l’Est ukrainien. Les affrontements dans cette région, le Donbass, ont depuis fait 13 000 morts.
Ces manœuvres du Kremlin s’expliquent par plusieurs raisons, d’abord historiques : l’Ukraine est le berceau de la Russie chrétienne « depuis le baptême de Vladimir le Grand en 988 », affirme la revue Stratégique. Il s’agit aussi du seul accès aux mers chaudes et d’un « symbole fort de la lutte contre l’envahisseur nazi », poursuit la publication universitaire.
Sur le plan politique, Vladimir Poutine souhaite voir l’Ukraine rejoindre l’Union économique eurasiatique et l’Organisation du traité de sécurité collective. Surtout, il refuse de laisser l’Otan s’élargir dans les anciens pays soviétiques. Il « veut former un cordon de sécurité autour de la Russie, formé de pays non hostiles », explique Olivier Schmitt, directeur d’études et de recherches à l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), cité par FranceInfo.
Face à la montée des tensions, les chancelleries occidentales sont divisées. Josep Borrell, le ministre des affaires étrangères de l’UE, a estimé que « rien de nouveau [ne peut] augmenter le sentiment de peur d’une attaque immédiate », à rebours des déclarations alarmistes du Royaume-Uni et des Américains.
Les Européens sont particulièrement frileux à l’égard des sanctions proposées à l’encontre des Russes, en raison de leur importante dépendance au gaz venu de Russie, qui représente 20 % de la consommation française et un tiers de la consommation allemande. De même, si les États-Unis, l’Allemagne et la France sont favorables au dialogue avec le Kremlin, les pays Baltes et la Pologne, qui considèrent leur gigantesque voisin comme une menace existentielle, s’y opposent.
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