Un vendeur de motos délesté de 6000 euros en Martinique. Une saisie récente de 17 000 euros dans le Limousin. Des petits commerces touchés dans le Nord, le Pas-de-Calais, l’Ille-et-Vilaine, les Pyrénées-Orientales… Depuis le début de l’année, de nombreux faux billets de 20 et 50 euros circulent en France, sous la forme de « billets de cinéma ». Un phénomène en pleine expansion, qui a contraint récemment plusieurs services de police et de gendarmerie à communiquer, afin de « mettre en garde » les consommateurs et les commerçants.
[ MISE EN GARDE DIFFUSION FAUX BILLETS–20 €UROS ] La cellule de prévention technique de la malveillance (CPTM) du…
Ces billets sont des reproductions destinées à être utilisées pour des tournages de films, de clips ou dans le monde du spectacle. « Ils existent généralement en coupure de 20 ou de 50 euros », précise au Parisien Eric Bertrand, le chef de l’office central pour la répression du faux monnayage (OCRFM). Fabriqués en Chine, ils sont en vente libre sur Internet et prolifèrent sur Amazon ou Ebay. « Ils sont très facilement accessibles. Inutile de passer par le darkweb, comme pour la contrefaçon », ajoute-t-il.
Avec des coûts de fabrication qui ont considérablement chuté, grâce au développement des nouvelles technologies, le phénomène, jusque-là « ultra-marginal », commence à « s’étendre en France », nous explique Eric Bertrand. « Plusieurs centaines de billets sont arrivés au comptoir de la banque de France depuis le début de l’année. Ce qui signifie qu’ils ont été écoulés. » Et loin de se cantonner à la France, l’arrivée des euros de cinéma « commence à inquiéter l’Union européenne ». « Toute la zone euro est touchée », s’alarme le commissaire.
Les nouvelles technologies ont permis aux billets de cinéma de gagner en qualité. « Leur couleur est quasi-identique à celle des vrais billets », met en garde Eric Bertrand. Ils sont également de la même taille que les billets authentiques.
En revanche, contrairement à la fausse monnaie, qui peut être de bonne facture, « les billets de cinéma ne sont que des photocopies ». « Ils ne sont pas très compliqués à repérer, mais il faut prendre le temps de bien les observer », insiste le patron de l’OCRFM. Voici leurs caractéristiques :
« Ils n’ont pas les signes de sécurité habituels, comme les hologrammes. Quand vous bougez le billet, les motifs n’évoluent pas ». Le nombre émeraude (le montant du billet situé en bas à gauche) n’a pas non plus d’effet de lumière qui se déplace : « le trait n’évolue pas », insiste Eric Bertrand.
Le papier est « sans relief » et de « qualité ultrabasique ». « Lorsqu’il est passé aux ultraviolets, il devient fluorescent comme du papier classique », précise le commissaire.
La mention « This is not legal. It’s to be used for motion props. » en lettres bleues (« Ce billet n’a pas cours légal. Son utilisation est réservée au cinéma. ») est apposée dans la marge. Cette mention peut être écrite dans une autre langue : russe, chinois, etc.
La signature de Mario Draghi, l’actuel président de la Banque centrale européenne, placée sous le drapeau de l’Union européenne, est remplacée par la marque « Movie Money ».
La numérotation des billets est souvent la même : MB 66688880.
Le mot « EURO » écrit en grec (« EYPΩ »), en bas à droite des vrais billets, est remplacé par le mot « PRΩP », qui signifie « accessoire ».
Selon l’article 442-1 du Code pénal, la simple intention de créer de la fausse monnaie est passible des assises. Un crime puni de trente ans de réclusion criminelle et de 450 000 d’amende. En revanche la reproduction de l’image d’un billet de banque est autorisée, à condition que le public ne puisse pas la confondre avec les billets authentiques. « La présence de la mention This is not légal. It is to be used for motion props, qui différencie ces billets de la fausse monnaie classique, permet aux faux monnayeurs d’échapper au 442-1 ». Un « trou juridique », qui leur vaut de ne risquer qu’un an de prison et 15 000 euros d’amende, en vertu de l’ article 442-6 du Code pénal.
Ce flou profite aussi aux simples détenteurs des billets de cinéma. « Le seul fait de posséder de la fausse monnaie classique est considéré comme de la détention en vue de la mise en circulation », insiste Eric Bertrand. Un crime puni, selon l’ article 442-2 du code pénal, de dix ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende. Pour la monnaie de cinéma, en revanche, il faut prouver l’intention de l’utiliser comme fausse monnaie. Or « la preuve de la mauvaise foi est assez compliquée à apporter », soupire Eric Bertrand. « Un individu pourra être poursuivi pour mise en circulation de monnaie contrefaite uniquement s’il est pris en flagrant délit ».
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