Prononcer les noms à consonance francophone avec un accent anglophone, « jamais » dit l’annonceur au Centre Bell, Michel Lacroix. Il s’explique très mal la demande qu’a formulée Hockey Canada à l’annonceur maison de l’aréna de Gangneung, Sébastien Goulet, aux Jeux olympiques.
Dans ses 40 ans de carrière et ses 14 présences aux Jeux olympiques, l’émérite annonceur n’a jamais lu pareille histoire que celle révélée en primeur par le collègue Mathieu Boulay dans les pages du Journal de Montréal, lundi. Les noms de Derek Roy, Rene Bourque et Marc-André Gragnani doivent dorénavant être prononcés avec un accent anglophone.
« Que la démarche provienne de Hockey Canada, c’est très dérangeant. Hockey Canada s’est mis un pied dans la bouche, a-t-il affirmé en entrevue avec Le Journal après avoir pris connaissance de la situation à Gangneung. C’est typique des gens de cette association et c’est renversant. J’aurais souhaité être sur place !
« En 1998, aux Jeux de Nagano, nous avions ouvert la porte aux annonceurs québécois, a-t-il ajouté. Nous n’avons jamais fait honte aux joueurs et à notre langue maternelle. Nos annonceurs ont une excellente réputation sur la scène internationale.
« Je ne me suis jamais fait rabrouer pour mauvaise prononciation d’un nom. Quand Rene Bourque jouait pour le Canadien, je prononçais son nom avec l’accent francophone. »
Pas de cas en 2015 et 2017
Du même coup, l’homme derrière le microphone du Centre Bell témoigne que lors des éditions 2015 et 2017 du Championnat mondial junior, les dirigeants de la formation canadienne n’avaient fait aucun cas des prononciations.
« Ils n’auraient jamais osé faire ça, sinon je les aurais renvoyés d’où ils venaient. Ils ont peut-être eu peur de venir me voir », a-t-il lancé sur un ton humoristique.
« J’avais eu la délicatesse d’aller voir tous les joueurs de chacune des formations pour vérifier les prononciations de leur nom », a-t-il ajouté.
Sébastien Goulet, qui est son auxiliaire au Centre Bell, démontre les mêmes habitudes de travail rigoureux.
Dans la LNH, les noms des joueurs apparaissent selon la prononciation phonétique de chaque syllabe.
À Montréal, M. Lacroix s’est toujours fait un devoir de prononcer l’identité des joueurs à consonance francophone dans la langue de Molière. Ceux qui avaient été rebaptisés « Danny » Brière, « Vinny » Lecavalier et « PA » Parenteau dans les autres amphithéâtres du circuit n’ont jamais été présentés de la sorte au domicile du Canadien. Il les appelait par leur vrai nom.
Personne ne s’en est plaint.
Hockey Canada réagit
Dans un communiqué de presse acheminé aux aurores mardi matin, Hockey Canada a bien évidemment voulu étouffer l’affaire en renvoyant à la vidéo de présentation de l’équipe, une vidéo unilingue anglophone. On y aperçoit donc Derek Roy se présenter en anglais, comme Rene Bourque. Le Québécois Maxim Noreau prononce son nom avec un accent francophone, mais poursuit en anglais.
« Dans le cadre d’événements internationaux, Hockey Canada fournit un guide de prononciation établi en fonction de la manière dont les joueurs prononcent leurs noms tant auprès des médias de diffusion qu’auprès du personnel responsable du déroulement des matchs sur place. Il arrive à l’occasion que les prononciations soient revues à la demande des personnes visées ou au besoin », est-il écrit dans la déclaration.
Il appert que c’est plutôt le dirigeant de l’équipe, Bayne Pettinger, qui a demandé à Sébastien Goulet de revoir les prononciations « à l’anglaise », même pour le Montréalais Gragnani.
L’annonceur québécois devrait revoir Équipe Canada à l’aréna de Gangneung en demi-finale du tournoi de hockey. Il devra alors exécuter les demandes du dirigeant canadien.
 
Le franglais imposé
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