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Source : JT 20h Semaine
Sur sa page d’accueil, le site internet de l’association RR Crypto se revendique soucieux du bonheur et de l’épanouissement de ses clients. Le tout est résumé en trois mots : "Savoir-faire, écoute, bienveillance". RR Crypto, dont les bureaux sont situés à Longvic dans la banlieue dijonnaise (Côte d’Or), fait pourtant l’objet depuis l’été dernier d’une liquidation judiciaire. Plus embêtant encore, son ancien dirigeant et trois de ses ex-salariés ont été arrêtés cette semaine. Tous sont accusés d’avoir monté une vaste "pyramide de Ponzi", qui a laissé sur le carreau au moins 700 victimes…
Vincent Ropiot – un jeune entrepreneur de 27 ans modestement auto-proclamé "passionné et engagé" – et trois de ses voisins de bureau au sein de RR Crypto ont eu droit aux menottes mardi 5 mars de bon matin, avant d’être placés en garde-à-vue par la police judiciaire de Dijon. Depuis l’été dernier, avec l’aide de l’Office contre la cyber-criminalité (OCLTIC) et celui chargé de la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF), les enquêteurs fouillaient sans relâche dans les comptes bancaires et disques durs des suspects, à la recherche de millions d’euros en cryptomonnaies soi-disant volatilisés. Un juteux pactole, parti en fumée sans coups ni menaces.
Les policiers ont pu tirer le fil grâce à un banal dépôt de plainte en juin 2021. Vincent Ropiot, dirigeant depuis peu de RR Crypto – une association spécialisée de l’investissement dans les cryptomonnaies et qui affirme haut et fort "participer à une alternative économique fiable et pérenne face aux enjeux actuels" – explique le plus sérieusement du monde aux gendarmes qu’il a tout perdu. Les 40 millions d’euros qu’il gérait en portefeuilles pour des clients ont été, à l’écouter, dérobés par des hackers. Il aurait été ciblé par de redoutables pirates informatiques, probablement des Russes, qui ne lui ont pas laissé un seul centime en poche. Certains de ces malfaiteurs 2.0 l’auraient même menacé de mort. 
Un terrible coup dur pour celui qui rassurait jusqu’à présent ses clients en leur jurant avoir "mis au point sa propre méthode d’accompagnement" vers les monnaies virtuelles, et en leur promettant des rendements allant jusqu’à 38%. Du jamais vu. Vincent Ropiot, lui, ne réclamait pas d’argent, mais annonçait qu’il toucherait 17% de la plus-value réalisée par tous ceux qui lui feraient confiance. "Une démarche de transparence" promettait alors sans plaisanter l’ancien patron. Pour prouver sa bonne foi, RR Crypto offrait gratuitement à ses clients sa vision de l’économie mondiale, avec de prolifiques notes sur la dépréciation du Dollar ou encore sur l’impact du Covid-19 sur les marchés financiers.
RR Crypto fait dans la foulée de cette plainte l’objet d’une liquidation judiciaire. La vingtaine de salariés se retrouvent au chômage. Le patron prétendument victime envoie lui un e-mail laconique à ses 700 clients, persuadés alors d’avoir réalisé l’affaire de leur vie, pour leur annoncer la terrible nouvelle : "J’ai le regret de vous informer qu’à ce jour, les fonds ne sont plus présents sur le portefeuille, sans accès à l’historique de ce dernier."
Mais les "limiers" de la PJ flairent assez vite la supercherie. Les policiers ont le nez creux : ils remarquent que Vincent Ropiot a un train de vie de star d’Hollywood, roulant tour à tour au volant d’une rutilante Mercedes, d’une magnifique Ford Mustang décapotable ou d’une Maserati dernier cri. L’argent de ses clients, qu’il jurait s’être fait voler, aurait en fait été flambé. "Il avait mis sur pieds une gigantesque pyramide de Ponzi, décrypte un fin connaisseur de l’affaire, en évoquant ce système d’investissement frauduleux rendu tristement célèbre par l’aigrefin américain Bernard Madoff. L’argent des derniers arrivants ne servait en fait qu’à payer les intérêts des premiers clients. Cela alimentait l’illusion, jusqu’à ce tout s’effondre." 
C’est parce qu’il était incapable de rembourser sa clientèle que l’ancien maître auto-proclamé de la cryptomonnaie a inventé ce scénario du cambriolage 2.0, qui n’imaginait sans doute pas se tirer ainsi une balle dans le pied. "L’arroseur arrosé", renchérit un spécialiste des flux financiers. Placés en garde à vue pour "vol en bande organisée", "atteintes à un système de traitement automatisé de données" et "blanchiment", les quatre hommes doivent être déférés ce vendredi devant les magistrats du Tribunal judiciaire de Paris. 
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