Trois semaines après les débuts d’ une intense crise sociale qui s’est soldée par la mort de 20 manifestants, aucune issue ne se semble se profiler au Chili, malgré les quelques concessions faites par le pouvoir. Mercredi, des rassemblements se sont étendus jusqu’aux quartiers aisés de la capitale, Santiago.
Sous le coup d’une plainte pour sa responsabilité présumée dans des crimes contre l’humanité commis par les forces de l’ordre depuis le début de la contestation, le président Sebastian Piñera exclut de démissionner mais se dit prêt à réviser la Constitution, dont certaines dispositions héritées de la dictature de Pinochet sont vues comme la matrice des inégalités sociales aux racines de la révolte. On vous explique tout cela en cinq questions.
C’est la vie chère qui est à l’origine du mouvement. Les manifestations ont commencé le 18 octobre avec l’annonce d’une hausse du ticket de métro de 800 à 830 pesos (1,04 euro) aux heures de pointe, à Santiago du Chili, après une première augmentation de 20 pesos en janvier dernier. La dernière hausse a rapidement été annulée, mais la capitale chilienne reste le théâtre quotidien de manifestations qui dégénèrent quasi systématiquement en affrontements avec les forces de l’ordre.
Plus largement, les manifestants protestent contre les inégalités et demandent des réformes du modèle ultralibéral chilien, qui les contraint souvent à s’endetter lourdement pour accéder à l’éducation et aux soins. Ils réclament notamment une réforme du système de retraites et une révision de la Constitution, tous deux hérités de la période de la dictature d’Augusto Pinochet, achevée en 1990. Certains manifestants appellent également à la démission du président conservateur Sebastian Piñera.
Dès le début de la crise, le pouvoir a décrété l’état d’urgence, faisant appel aux militaires et instauré un couvre-feu. Moins de 48 heures après les premières protestations, le bilan humain était déjà lourd : sept morts. Les accusations de violences policières se sont, par la suite, multipliées.
En plus d’opérer un important remaniement gouvernemental, le président a annoncé une batterie de mesures sociales, notamment la suspension de la hausse de 9,2 % de l’électricité et celle annuelle de 3,5 % des péages, sans pour autant parvenir à calmer la colère.
Mercredi, Sebastian Piñera a exclu de démissionner. « J’irai jusqu’à la fin de mon mandat. J’ai été élu démocratiquement, par une large majorité de Chiliens, j’ai un devoir et un engagement envers mes électeurs et envers tous les Chiliens », a-t-il affirmé sur la BBC. Le président chilien s’est dit disposé à « discuter de tous les sujets, y compris une réforme de la Constitution ». Evoquant des « problèmes accumulés ces 30 dernières années », il dit assumer sa « responsabilité », mais ne pas être « le seul », précisant qu’il pensait « augmenter les ressources » financières et « améliorer la qualité des politiques sociales ».
Le 26 octobre, soit six jours après le début du mouvement, une gigantesque manifestation a réuni plus d’un million de personnes (sur les 18 millions que compte le pays), sur Plaza Italia, à Santiago du Chili. Trois semaines après ses débuts, la contestation s’est étendue mercredi aux quartiers aisés de la capitale, Santiago. Des affrontements avec la police ont eu lieu, une pharmacie et deux agences bancaires ont été pillées et du mobilier urbain a été endommagé.
Alors que la mobilisation tend à faiblir, les rassemblements deviennent plus violents. Les manifestations ont donné lieu à de multiples saccages et à des pillages, notamment sur plus de 70 stations de métro, ce que le pouvoir a promis de punir. Elles ont surtout fait 20 morts, dont cinq peuvent être imputées à des membres de forces de l’ordre.
Alors que les morts présumés perpétrés par les forces de l’ordre font l’objet d’une enquête judiciaire, le parquet chilien a annoncé l’inculpation « de 14 policiers pour des actes de torture » commis contre deux personnes, dont un mineur durant l’état d’urgence décrété au début de la contestation. Mardi encore, deux lycéennes ont été blessées par des tirs de plombs de chasse effectués par des policiers. L’un d’eux a été arrêté et doit être traduit en justice.
L’Institut national des droits de l’Homme (INDH), un organisme public indépendant, a entrepris de son côté 181 actions judiciaires pour homicide, tortures, violences sexuelles possiblement commises par des membres des forces de l’ordre. « Nous avons établi une transparence totale sur les chiffres parce que nous n’avons rien à cacher », a déclaré le président chilien Sebastian Piñera, interrogé sur le nombre d’accusations d’abus de la part des policiers et militaires.
Un tribunal de Santiago a accepté mercredi une plainte présentée contre le président lui-même, pour sa responsabilité présumée dans des crimes contre l’humanité commis par des policiers ou des militaires pendant la crise sociale.
La crise a affecté la monnaie chilienne, le peso, qui a atteint mardi sa plus faible valeur depuis 2003 (749 pesos pour un dollar). Le gouvernement a annoncé que les 6800 entreprises concernées par les destructions, pillages et incendies depuis le début de la crise, devront bénéficier d’aides financières, d’assouplissements dans les paiements et de réductions d’impôts. Malgré tout, selon un sondage de l’institut Criteria, 79 % des Chiliens pensent que les manifestations « auront des conséquences positives ».
Le conflit a entraîné l’annulation du sommet de l’APEC (forum de coopération économique Asie-Pacifique) qui devait se tenir à Santiago les 16 et 17 novembre, et de la conférence de l’ONU sur le climat (COP 25), également prévue dans la capitale en décembre et finalement délocalisée à Madrid.
Le terrain du sport est également touché. Alors qu’elle devait se tenir dans la capitale chilienne, la finale de la Copa Libertadores 2019, équivalent sud-américain de la Ligue des champions, aura lieu à Lima, au Pérou, le 23 novembre. Mardi, la Fédération chilienne a annulé une rencontre amicale de son équipe nationale contre la Bolivie, programmée le 15 novembre à Concepcion, au sud de Santiago.
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