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L’inflation particulièrement haute enregistrée en 2021 s’explique en partie par celle, très basse, de 2020. L’enjeu est de savoir si le phénomène est temporaire, le temps que l’économie se remette de la crise, ou non.
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Temps de Lecture 7 min.
Les économies occidentales n’avaient plus enregistré de tels chiffres depuis plusieurs décennies. En décembre 2021, le taux d’inflation dans la zone euro s’est élevé à 5 % sur un an, du jamais vu depuis la création de l’office européen des statistiques Eurostat, en 1997. Même constat outre-Manche, où l’inflation est au plus haut depuis trente ans, et plus encore aux Etats-Unis, où les prix à la consommation ont augmenté de 7 % en 2021, un rythme que le pays n’avait plus connu depuis 1982.
Plusieurs économistes, notamment aux Etats-Unis, s’inquiètent désormais d’une hausse des prix durable. Si la Banque centrale européenne (BCE) continue de parler d’un phénomène temporaire, elle a néanmoins relevé ses prévisions d’inflation pour 2022 à 3,2 %, soit deux fois plus que ce qu’elle prévoyait il y a trois mois. Faut-il s’inquiéter de la situation actuelle ? Explications.
Les instituts statistiques s’appuient sur un « panier » de plusieurs centaines de biens et de services consommés par les ménages, qui vont des produits alimentaires à l’abonnement à une plate-forme de streaming.
Pour calculer l’indice des prix à la consommation, ils effectuent des pondérations dans ce panier, afin de donner plus de poids aux biens et services qui sont davantage consommés par les ménages. Les prix de l’énergie ont ainsi plus de poids que ceux des timbres-poste (en Europe, ils représentent 9,5 % du panier). Si l’indice des prix qui en résulte augmente par rapport à l’année précédente, on parle d’inflation. Il s’agit cependant d’une moyenne : tous les ménages ne consomment pas exactement les mêmes produits et services dans les mêmes proportions, et la hausse des prix ne les affecte donc pas tous de la même manière.
Chaque pays a des pondérations qui lui sont propres, mais, dans la zone euro, un indice « harmonisé » est calculé afin de pouvoir comparer les chiffres – d’où des chiffres différents entre l’Insee et Eurostat. Le taux d’inflation pour la zone euro est lui-même une moyenne des taux par pays, et cache d’importantes disparités.
Si l’on remonte avant la création de l’euro, ces taux d’inflation de 2021 n’ont rien d’inédit. En France, par exemple, elle était de 10,1 % par an en moyenne entre la fin de la seconde guerre mondiale et les années 1980, selon l’Insee. Mais elle s’accompagnait jusque dans les années 1970 d’une croissante soutenue et d’un chômage faible. L’objectif d’une inflation contenue ne s’impose qu’après les chocs pétroliers et une décennie de chômage élevé, couplés à une forte hausse des prix.
Dans les années 1990, cette maîtrise des prix est devenue l’un des critères de convergence auxquels les Etats devaient se conformer pour pouvoir intégrer l’union économique monétaire européenne. Aujourd’hui pilier de l’économie de la zone euro, la stabilité des prix – et donc de la monnaie – est l’objectif principal de la BCE, inscrit dans le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne.
A partir de 2003, l’institution a fait le choix d’instaurer un objectif d’inflation « proche de, mais inférieure à, 2 % », et l’a tenu jusqu’ici. Depuis la création de la zone euro, jamais un pic tel que celui enregistré en 2021 n’a été observé, pas même lors de la crise de 2008.
Le taux d’inflation est calculé par rapport à l’année précédente, or l’année 2020 a été exceptionnelle. Du fait de la crise et de l’arrêt total de nombreuses économies, l’inflation a été particulièrement basse. Aux Etats-Unis, elle a plongé de 2,5 % en janvier 2020 à 0,5 % en avril. Même phénomène en zone euro, où les prix ont même baissé au deuxième trimestre 2020.
En 2021, la reprise a été forte et rapide dans toutes les économies. Les prix du pétrole sont passés de 20 dollars (17,63 euros) le baril en avril 2020 à plus de 85 dollars (75 euros) en octobre 2021. Du fait des tensions géopolitiques et des difficultés d’approvisionnement, les cours du gaz ont aussi enregistré des hausses vertigineuses, entraînant dans leur sillage les prix de l’électricité. Selon la présidente de la BCE, Christine Lagarde, ces augmentations des coûts de l’énergie expliquent 50 % de l’inflation en 2021.
S’y ajoutent des tensions persistantes sur le prix des matières premières, les capacités de production et de transport. La reprise économique mondiale s’est heurtée à d’importantes difficultés d’approvisionnement qui ont généré des pénuries et donc, mécaniquement, des hausses de prix. Ces dernières semblent d’autant plus élevées qu’on les compare à celles, anormalement basses, de 2020. Si on compare plutôt les prix de 2021 à ceux de 2019, on obtient une inflation environ deux fois moindre, relève l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Les effets de l’inflation ne sont pas uniformes, sauf quand elle devient complètement incontrôlable. Souvent le signe d’une économie en croissance, le corollaire d’une baisse du chômage et d’une hausse des salaires, l’inflation peut alléger la dette des emprunteurs, mais aussi décourager l’épargne, générer de l’incertitude et ralentir les investissements, miner la compétitivité des entreprises…
Si elle suscite l’inquiétude aujourd’hui, c’est surtout parce que sa conséquence première est de diminuer la valeur de la monnaie et, par là, d’éroder sensiblement le pouvoir d’achat des consommateurs. Ce phénomène s’observe partout en Europe et aux Etats-Unis, et se ressent d’autant plus que la hausse des prix concerne avant tout des produits du quotidien, comme l’énergie ou l’alimentaire (une inflation tirée par les prix de l’automobile ou des produits technologiques, qui sont achetés plus occasionnellement, n’est pas ressentie de la même manière par les citoyens).
Cet effet sur le pouvoir d’achat pourrait être estompé avec des hausses des salaires. C’est ce qui se faisait en France jusqu’en 1983, avec des salaires, notamment ceux des fonctionnaires, indexés sur l’augmentation des prix. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Dans l’Hexagone comme ailleurs en Europe et aux Etats-Unis, les négociations entre syndicats et patronat se multiplient pour obtenir des hausses de rémunération qui permettraient, du moins en partie, de compenser la hausse des prix. Les Etats prennent aussi de nombreuses mesures pour aider financièrement les ménages.
« Sur un plan d’équilibre économique, on serait tout à fait favorables à ce que les salaires augmentent », a déclaré Christine Lagarde, jeudi 19 janvier. Les derniers chiffres disponibles sur les salaires ne montraient pas de hausse équivalente à celle des prix, et les prochains seront scrutés de près. Si les augmentations sont nécessaires pour éviter l’appauvrissement, les économistes craignent aussi la création d’une « boucle prix-salaires » : une spirale dans laquelle la hausse des prix conduit à une hausse des rémunérations, qui entraîne à son tour à une hausse de prix, alimentant ainsi l’inflation.
Le fait que l’inflation dépasse 2 % n’est pas un problème en soi : aucune règle mathématique intangible n’affirme que 2 % valent systématiquement mieux pour une économie que 3 % ou 5 %. La question est de savoir si la hausse des prix est durable, et si elle est maîtrisable.
Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale américaine (Fed), a cessé, à la fin de l’année 2021, de parler d’un phénomène transitoire et a annoncé qu’elle prendrait en 2022 des mesures pour juguler l’inflation, notamment en augmentant de son taux directeur – dans des proportions qui restent à définir – pour freiner l’activité.
La situation américaine n’est cependant pas la même que celle de la zone euro. La hausse des prix y est plus importante et plus diffuse, et les salaires sont en augmentation, ce qui laisse craindre un emballement qui rendrait l’inflation durable. Le pays est en outre confronté à une grave pénurie de main-d’œuvre, qui renforce les difficultés des entreprises à répondre à une demande dopée par les aides financières distribuées aux ménages pendant la crise.
Dans la zone euro, les inquiétudes s’expriment surtout en Allemagne, où les principes de l’ordolibéralisme, qui fait de la stabilité des prix et de la monnaie une condition de l’ordre économique, sont au fondement des institutions monétaires.
Mais la BCE s’est éloignée de l’objectif strict des 2 %, affirmant, à l’été 2021, qu’il n’était plus considéré comme un plafond. Elle continue de tabler sur un phénomène temporaire et un retour à la normale courant 2023. Selon elle, l’inflation ralentira si les cours du pétrole se stabilisent et si les problèmes d’approvisionnement se résorbent – deux facteurs sur lesquels elle n’a pas la main. Les prévisions sont cependant délicates. Les économistes n’avaient pas anticipé que les difficultés de production et d’acheminement dureraient tant, et il est difficile de dire quand l’activité économique mondiale retrouvera son cours d’avant crise, ni même si elle le retrouvera. Nombreux sont aussi ceux qui s’inquiètent du fait que les prix de l’énergie restent un problème structurel dans les années à venir.
Pour l’heure, la BCE ne prévoit pas d’intervenir en relevant ses taux directeurs en 2022. « On ne peut pas agir dans l’immédiat. Si je remonte les taux d’intérêt, cela aura un effet d’ici six à neuf mois, le temps que cela descende la chaîne des financements. Mais on freine la croissance », a expliqué la présidente de la BCE sur France Inter. C’est en effet tout le dilemme des banquiers centraux, qui ne semblent pas prêts à faire primer la stricte maîtrise de l’inflation sur la préservation d’une reprise économique encore fragile.
Eléa Pommiers
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