Ce n’est plus un tabou au sein du clergé. Pour lutter contre les profanations, les vols de chandelier ou de monnaie dans les troncs, les incivilités chroniques…, de plus en plus d’églises en France se protègent en ayant recours à la vidéosurveillance.
Elles sont aujourd’hui plusieurs dizaines à être équipées de caméras, y voyant une alternative à la fermeture pure et simple en journée. D’autres vont franchir le pas ces prochaines semaines. Ces « yeux » high-tech dans les nefs n’ont jamais autant été d’actualité. Car l’Hexagone fait face à une série d’actes christianophobes.
La semaine dernière, cinq églises ont, en effet, été dégradées. À Dijon (Côte d’Or) par exemple, un missel a été déchiré et des hosties consacrées ont été répandues sur l’autel. À Houilles (Yvelines), une statue de la Vierge a été brisée. À Nîmes (Gard), le tabernacle a été détruit. À Lavaur (Tarn), un ado de 17 ans a tenté de mettre le feu.
#dab #jesus. #ohmygod. Un ou des petits malins ont incendié la #cathédrale st Alain de #Lavaur et détérioré un #crucifix pic.twitter.com/oOkDVD89jV
L’année dernière, 1063 faits antichrétiens ont été recensés par le ministère de l’Intérieur contre 1038 en 2017. « Dans notre République laïque, on respecte les lieux de culte. De tels actes me choquent et doivent être unanimement condamnés », s’est indigné mercredi le Premier ministre Édouard Philippe.
Pendant longtemps, les paroissiens ont écarté totalement l’idée de la vidéosurveillance, jugeant qu’un espace de prières, qu’un refuge spirituel ne pouvait pas être scruté en permanence par des objectifs jugés trop intrusifs. Certains y sont encore radicalement opposés.
Mais d’autres, face à la recrudescence du vandalisme et soucieux de leur sécurité, ont revu leur position. « Je ne comprends pas qu’on soit aussi naïf ! Toutes les églises devraient être équipées, même si ce n’est pas agréable pour tout le monde car prier est un moment d’intimité », lâche un curé d’un quartier populaire parisien qui a investi dans 4 caméras grâce à une donation de 4000 euros d’un fidèle.
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« Il y a moins de réticences qu’à une époque. On n’est pas là pour surveiller les gens, on utilise le procédé de façon très ciblée », assure Michel Tillie, en charge de la valorisation du patrimoine au diocèse d’Arras (Pas-de-Calais) dans lequel deux édifices sont dotés de caméras. Récemment, les images du dispositif, transmises aux forces de l’ordre, ont permis de retrouver un homme qui avait voulu incendier la petite chapelle d’une église. « Quelqu’un qui n’avait pas tous ses esprits », décrit-il.
L’utilisation de la vidéosurveillance nécessite au préalable un accord de la préfecture. Une autorisation du maire est également nécessaire quand l’édifice appartient à la commune et donc qu’il est sorti de terre avant 1905. Dans ce cas, les coûts sont souvent pris en charge par la municipalité.
À Joigny (Yonne), c’est la ville qui, à la demande des fidèles, a piloté le dispositif. Il y a deux ans, alors que notamment des pots de fleurs et des cierges avaient été jetés à terre, trois églises ont été placées sous haute surveillance. « Depuis, je touche du bois, il n’y a pas eu d’autre problème », se félicite le maire (DVG) Bernard Moraine.
Les caméras, qui ont une vue sur les entrées, ont été installées à l’extérieur. Les images captées sont diffusées sur le mur d’écrans dans le local de la police municipale. « Il fallait faire en sorte que les gens ne se sentent pas épiés tout en sécurisant les lieux », insiste Mgr Hervé Giraud, archevêque de Sens-Auxerre. Sur le principe, il n’est pas opposé à la vidéosurveillance. « Tout dépend comment c’est fait. C’est dans le détail que se cache le diable », rappelle-t-il.
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Ses confrères ne sont pas forcément sur la même longueur d’onde. Au diocèse de Dijon, « la question de la vidéosurveillance ne se pose pas », même depuis la profanation d’une église il y a quelques jours. « Si on en vient à sécuriser de la sorte, c’est un constat d’échec. Le statut d’accueil de l’église serait mis à mal. Chacun doit se sentir libre de venir se recueillir. La meilleure protection, c’est la présence des fidèles », estime, ainsi, un porte-parole.
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