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L’ampleur du choc énergétique sur l’économie française est immense. Malgré le ralentissement des prix de l’énergie sur les marchés de gros ces dernières semaines, les conséquences économiques et sociales de la guerre en Ukraine continuent de faire des ravages chez les ménages et les entreprises. D’après un calcul de la Banque de France, le surcoût de la facture énergétique en 2022 pour la France représente 2,5 points de produit intérieur brut (PIB), soit environ 60 milliards d’euros de plus par rapport à 2021.
Pour rappel, les prix de l’énergie en 2021 avaient déjà commencé à bondir dans le contexte de la reprise post-pandémie. Après le plongeon spectaculaire de l’économie tricolore en 2020, l’activité avait fortement rebondi entraînant une hausse record de la demande en énergie. Cela signifie que le coût de cette crise énergétique serait encore plus élevé si on le comparaît à la période pré-covid où la facture énergétique était bien moindre. « C’est le plus gros choc depuis 1974. A l’époque, la taille du choc était estimé à 2,8 points de PIB », souligne la Banque centrale. A l’époque, la crise pétrolière de 1973 avait mis fin brutalement à la période des « 30 glorieuses », synonyme de forte croissance et de plein emploi. Cette crise avait débouché sur une période de « stagflation », c’est-à-dire une croissance plate et une inflation élevée.
Actuellement, l’économie du Vieux continent est plongée en eaux troubles. Le dernier indice PMI dévoilé ce vendredi 4 novembre indique que l’activité dans la zone euro s’est repliée à 48,1 en octobre contre 47,3 en septembre. L’activité est en expansion lorsqu’elle dépasse le seuil de 50 et en contraction en deçà de cette limite.
Il s’agit d’un plus bas depuis 23 mois. La conjoncture est particulièrement morose en Allemagne (45,1), en Italie (45,8) ou en Espagne (48). En France, l’activité demeure en territoire positif à 50,2 mais pourrait plonger en récession si la situation continue de se dégrader dans les mois à venir.
Côté inflation, sur un an, l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), qui sert de base de comparaison au niveau européen, augmenterait de 7,1% en octobre, après une hausse de 6,2 % le mois précédent. Sur un mois, il rebondirait de 1,3%, après -0,5% en septembre d’après les récents chiffres de l’Insee.
Dans les semaines à venir, l’inflation pourrait continuer d’accélérer avec la fin de la remise à la pompe prévue pour le 15 novembre et la réduction du bouclier tarifaire. En outre, les prix de l’alimentaire continuent de grimper en flèche. Dans ses dernières prévisions dévoilées fin septembre, la Banque de France table sur un pic d’inflation au début de l’année 2023.
En attendant, chez les ménages, la hausse de l’inflation estimée à 6,2% en octobre par l’Insee continue de peser sur leur budget. Compte tenu du poids de l’énergie et de l’alimentaire dans le porte-monnaie des Français, la consommation a commencé à freiner pour de nombreuses familles obligées de se serrer la ceinture pour pouvoir se chauffer et se nourrir.
De ce point de vue, l’évolution de l’indice général des prix traduit peu la répartition du choc entre les ménages, les entreprises et l’Etat. D’après les modèles de la Banque de France, un tiers de ce choc serait encaissé par les ménages et deux tiers par les entreprises sans intervention publique.
Néanmoins, la mise en place des différentes mesures comme le bouclier tarifaire ou la ristourne sur le carburant a permis d’abaisser l’ampleur de ce choc chez les ménages et les entreprises. « Après intervention budgétaire, la sphère publique devient un financeur de ce choc ». Au final, les ménages encaisseraient 10% de ce choc, l’Etat un tiers et les entreprises un peu plus de 50%.
La dépendance de l’économie hexagonale aux énergies fossiles a pesé sur le pouvoir d’achat des Français. D’après une récente étude du cabinet Cambridge Econometrics, l’envolée des prix du gaz et du pétrole cet été est responsable de 40% de la hausse de l’inflation en France. Entre août 2020 et août 2022, les prix de l’énergie pour les ménages français ont bondi de 37%. Résultat, un ménage français médian aurait perdu 410 euros de pouvoir d’achat par rapport à 2020.
Du côté des entreprises, l’industrie tricolore est en première ligne. Plusieurs sociétés comme Duralex ont déjà réduit la voilure à l’approche de l’hiver. Compte tenu du renchérissement du coût de l’énergie, la perspective d’une réindustrialisation accélérée de l’Hexagone pourrait être mise à mal par cette crise énergétique particulièrement douloureuse.
En effet, le poids de l’énergie dans les coûts de production en France a tendance à augmenter et cette hausse pourrait s’installer dans la durée. Face à cette envolée, les industriels français pourraient encore délocaliser des sites de production dans des pays à bas coût. En prenant en compte ces répercussions indirectes, le coût de ce choc énergétique pour l’économie tricolore pourrait être encore plus élevé, surtout que les énergies de substitution au fossile se font attendre.
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