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Ce chantier compliqué est à nouveau évoqué depuis les propos du président béninois, qui a affirmé vouloir retirer les réserves de change de la devise déposées en France.
Par Mariama Darame
Temps de Lecture 4 min.
Comme à intervalles réguliers, la polémique s’est ranimée autour du franc CFA. Une nouvelle poussée de fièvre liée aux récentes déclarations, le 7 novembre, du président du Bénin Patrice Talon. Sur RFI et France 24, celui-ci annonçait le retrait des réserves de change du franc CFA déposées en France.
M. Talon affirmait que la BCEAO, la banque centrale des Etats de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) dont le Bénin fait partie, allait « gérer la totalité de ces réserves de devises » et « les répartir auprès des diverses banques centrales partenaires [de l’UEMOA] dans le monde ». Actuellement, le franc CFA est utilisé dans quatorze pays répartis en deux zones monétaires : l’UEMOA et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac).
Ces pays doivent déposer 50 % de leurs réserves de change en France, l’autre moitié étant à la disposition des deux banques centrales de la zone franc, soit la BCEAO et son homologue des Etats d’Afrique centrale, la BCEAC. En contrepartie, ils obtiennent une convertibilité illimitée avec l’euro, ce qui leur permet d’asseoir leur crédibilité à l’international, notamment auprès des opérateurs économiques.
Sans fournir de date précise, le chef de l’Etat béninois a souligné que ce déménagement des avoirs en franc CFA logés au Trésor français aurait lieu « très rapidement ». « Nous sommes tous d’accord là-dessus, à l’unanimité, pour mettre fin à ce modèle », a-t-il assuré. Aucun dirigeant africain n’a pourtant réagi publiquement à cette proposition. Celle-ci a, en revanche, relancé la controverse sur la légitimité de cette devise, perçue par certains comme un gage de stabilité, mais par beaucoup d’autres comme l’ultime avatar du colonialisme. Et suscité un débat d’experts sur la possibilité d’une réforme, et ses modalités.
« La proposition de Patrice Talon est faisable », affirme Ruben Nizard, économiste français, spécialiste de l’Afrique chez l’assureur-crédit Coface. « La Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest aurait le contrôle complet de ses réserves et pourrait en disposer librement », précise-t-il. Néanmoins, nuance-t-il, avec une telle décision, « on touche à l’un des piliers des mécanismes de la zone franc qui est celui de la centralisation des réserves ». Nul ne peut garantir que Paris continuera à assurer la convertibilité totale de la devise avec l’euro si le « compte d’opérations » où sont déposées les réserves, au sein du Trésor français, est fermé.
Face à l’annonce retentissante de Patrice Talon, l’économiste sénégalais Ndongo Samba Sylla préfère, lui, rester prudent : « M. Talon a dit que ces réserves seraient bientôt déplacées mais, pour l’instant, on ne sait pas où. Et, surtout, on ne sait pas quel droit de regard le Trésor français aura sur ces réserves, car même si elles sont déplacées ailleurs, la coopération monétaire entre la France et les pays de l’UEMOA restera la même. » Selon les chiffres de la BCEAO, les réserves de change de l’UEMOA se sont élevées à 8 556,5 milliards de francs CFA fin septembre 2018.
« Derrière l’annonce de Talon, l’idée est de mettre fin à la vision selon laquelle c’est la France qui, en utilisant les réserves de change, bloque le développement économique des Africains », estime pour sa part Léleng Kebalo, économiste à l’université de Lomé. Dans le système actuel, la France ne gagne pourtant pas d’argent avec ces dépôts. La Banque de France les rémunère aujourd’hui au taux plancher de 0,75 % par an. Ceux-ci sont en outre déblocables à tout instant en cas de choc financier.
Pour M. Sylla, c’est une réforme plus vaste qu’il faut envisager. A l’en croire, le système régissant le franc CFA est problématique pour des raisons d’abord économiques. Etablie depuis 1945, la valeur du franc CFA a d’abord été indexée sur le franc français, puis sur l’euro (1 euro = 655,96 francs CFA) selon une parité fixe. Un arrimage à une devise forte qui affecterait la compétitivité et découragerait la production locale.
« Les dynamiques de croissance de ces pays ne dépendent pas de leurs situations intérieures mais de la conjoncture de l’euro. Aujourd’hui, c’est une monnaie qui a tendance à être plus forte que le dollar qui reste la principale monnaie du commerce international, notamment pour les matières premières », soutient-il. La BCEAO et la BCEAC seraient contraintes de s’aligner sur des politiques monétaires jugées inadaptées aux enjeux de développement auxquels ces Etats font face. « La question du déplacement des réserves de change du Trésor français est symbolique, mais ce n’est pas l’aspect le plus essentiel. Il est important de savoir si on va mettre fin ou pas à la coopération monétaire entre la France et les pays de la zone franc », argue l’économiste sénégalais.
Paris s’en tient pour sa part à sa position de principe, affirmant que la balle est dans le camp des dirigeants africains. « Si une majorité d’Etats membres de la zone franc veulent avancer vers une réforme ambitieuse, nous répondrons oui », a déclaré le ministre de l’économie Bruno Le Maire, au lendemain de l’annonce de Patrice Talon.
L’avenir du franc CFA est, quoi qu’il en soit, soumis à des fortes questions puisque les quinze pays qui forment la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) – incluant les huit Etats de l’UEMOA et sept autres pays dont le gigantesque Nigeria – ont annoncé fin juin vouloir adopter en 2020 une monnaie unique, baptisée « eco ». « Il y a un projet d’intégration monétaire qui est là mais, pour que ça aille plus loin, il faut matérialiser ce divorce avec le Trésor français. C’est une des conditions posées par le Nigeria », affirme M. Sylla. Mais, pour de nombreux analystes, l’eco peine à convaincre comme alternative crédible au franc CFA. De quoi alimenter encore les arguments entre pro- et anti-franc CFA.
Mariama Darame
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