« Les femmes aussi ont des parcours remarquables, il n’y a pas que les hommes », souligne Stéphane Troussel, président (PS) du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, qui a décidé de donner un nom de femme célèbre à 108 bâtiments du département, d’ici 2024. Un acte « fort » plutôt que « symbolique », selon l’élu. Même si la première nomination a été symboliquement présentée ce mardi 8 mars, à la Bourse départementale du travail, à Bobigny. « C’est un jour significatif pour un lieu historique, un haut-lieu du débat politique et qui a accueilli de nombreux discours », vante Stéphane Troussel.
Car ce centre s’appellera désormais Bourse du travail Clara-Zetkin, pour honorer cette militante socialiste et féministe qui a justement initié la Journée internationale des droits des femmes, en 1907, à Copenhague. Le choix a été fait en accord entre les professionnels du lieu, les organisations syndicales et les élus de Bobigny. La plaque dédiée à l’architecte du site, Oscar Niemeyer, à l’entrée du bâtiment, sera cependant conservée.
Les bâtiments qui seront renommés sont des collèges, des crèches, des centres de PMI, ainsi que les maisons des parcs départementaux. « On a recensé l’ensemble des bâtiments publics qui n’avaient pas été nommés par le département. Par exemple, les crèches portent souvent le nom de la rue où elles se situent, mais elles n’ont pas réellement de nom », explique Stéphane Troussel. Les crèches correspondent à plus d’un tiers des 108 bâtiments à nommer, dans diverses villes de Seine-Saint-Denis.
Le département transmettra pour chaque lieu trois propositions. Ces suggestions doivent coïncider avec la fonction du bâtiment. Chaque nom sera désigné d’un commun accord entre les élus locaux, les occupants des lieux et les usagers. Il doit aussi correspondre à une femme « dont le parcours et l’engagement méritent une reconnaissance ».
Les noms de Simone Veil, Agnès Varda, Winnie Mandela ou encore Oum Kalthoum sont d’ores et déjà évoqués. Le département entend s’appuyer sur d’autres journées internationales pour mêler femmes et diversité, lors des prochaines nominations.
L’objectif de ce projet est que les filles du département y trouvent « une source d’inspiration » mais également que les femmes gagnent en visibilité au sein de l’espace public du département. « Les hommes stationnent et s’approprient l’espace public, déplore Stéphane Troussel. Les femmes le traversent seulement, en espérant ne pas se faire harceler. On veut rétablir un égal accès à cet espace. »
Cette démarche complète celle initiée en 2010, visant à baptiser chaque collège inauguré ou reconstruit du nom d’une femme. Pour autant, seulement une trentaine de bâtiments départementaux accueillant du public portent aujourd’hui le nom d’une femme, sur près de 400 au total. « On n’en construit pas tous les jours. Pour que ça aille plus vite, il faut passer à une autre échelle », estime Stéphane Troussel.
Au Pré Saint-Gervais, pour la deuxième fois, ce sont les rues qui changent de nom, mais pour quelques semaines seulement. « C’est un dispositif parmi d’autres que la ville met en place pour permettre de sensibiliser mais aussi de donner de la visibilité aux femmes dans l’espace public », explique la mairie.
La mairie a donc renommé plus de trente rues. Si en 2021 les noms correspondaient uniquement à des artistes, cette année, ce sont les patronymes de femmes de tous horizons : inventrice, scientifiques, militantes et sportives… Gisèle Halimi, Miriam Makeba, Joséphine Baker… les noms ont été choisis pour « correspondre à l’actualité ». Les désignations ponctuelles ont été juxtaposées aux plaques habituelles.
L’objectif est de mettre en avant les femmes pour aider « à obtenir ou conserver des droits qui ne sont jamais définitivement acquis ». La ville justifie la dimension éphémère de l’opération par la complexité administrative de changer un nom de rue. « Pour les nouvelles installations, en revanche, on essaye de mettre des noms féminins », affirme la mairie. Le conservatoire en construction se nommera d’ailleurs Joséphine Baker.
Guide Shopping Le Parisien
Annonces légales
Codes promo
Annonces auto
Profitez des avantages de l’offre numérique
© Le Parisien

source