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Par Célestin Mukeba Muntuabu
Administrateur-directeur général de ProCredit Bank Congo (RDC).

La mine de cuivre Frontier à Sakania, à la frontière avec la Zambie, à l’extrême sud-est de la province minière du Katanga, en République démocratique du Congo. © Gwenn Dubourthoumieu pour Jeune Afrique
Pays continent au centre de l’Afrique, la RD Congo est une terre d’avenir et d’énormes défis. Le caractère extraverti de son économie fortement dominée par les industries extractives, donc tributaire des cours des matières premières et totalement dépendante des importations pour les produits de première nécessité et d’autres biens manufacturés, fait d’elle un cas d’école sur le plan macro­économique.
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Un marché de 80 millions d’habitants, alimenté quasi exclusivement de l’extérieur et sans véritable production ni transformation locale… Cette situation exerce une grande pression, tant sur la balance des paiements que sur le besoin du pays en devises fortes, créant un impact négatif sur la stabilité de la monnaie locale, le franc congolais (CDF).
Loin des affres des années 1990, caractérisées par une inflation à trois chiffres et par le déclassement des monnaies zaïroise puis congolaise, au profit du dollar américain comme principal moyen d’échange et réserve de valeur, nous observons une évolution encourageante dans la gestion des politiques monétaire et budgétaire. Elles ont permis une stabilité du franc congolais sur les dix dernières années, exception faite de deux périodes de crise où des facteurs exogènes ont entraîné un cycle de dépréciation de la monnaie nationale face au billet vert : entre 2008 et 2009, à cause de la crise financière internationale, on est passé de 600 CDF à 800 CDF pour 1 dollar ; de 2016 à 2017, à cause de la chute mondiale des cours des matières premières, on est passé de 900 CDF à plus de 1 600 CDF pour 1 dollar.
À l’avenir, le vrai défi est de parvenir à protéger l’économie congolaise face à ce type de soubresauts, causés par des chocs exogènes
Au-delà de cette forte dépréciation, il faut retenir l’efficacité des réponses du gouvernement et de la Banque centrale du Congo via l’usage des leviers monétaires (réserve obligatoire, taux directeur, stérilisation des liquidités excédentaires) et budgétaires (mobilisation des recettes, lutte contre le coulage, gestion rigoureuse des dépenses) pour gérer ces deux crises, ainsi que le retour à la stabilité du cours de change. À l’avenir, le vrai défi est de parvenir à protéger l’économie congolaise face à ce type de soubresauts, causés par des chocs exogènes.
Pour ce faire, il est impératif d’adopter des mesures soutenant le développement d’un marché intérieur et de dynamiques économiques locales (production, transformation, consommation). En outre, l’économie devrait perdre son caractère monolithique, reposant sur l’industrie minière, grâce à un effort soutenu de diversification.
Avant la crise de 2016, le gouvernement avait déjà engagé des réformes afin d’évoluer vers une « dédollarisation » de l’économie. Elles ont été ensuite accompagnées par une batterie de mesures (28) visant à diversifier l’économie du pays, pour la rendre moins dépendante des industries extractives. Tout cela est encourageant. Et ces efforts devraient être amplifiés pour réduire le poids des importations, booster la transformation et les chaînes de valeur locales, doper les exportations pour aboutir à une amélioration substantielle de la balance des paiements et, par effet d’entraînement, assurer la stabilité du franc congolais.
Les récentes réformes menées dans les secteurs de l’énergie et de la sous-traitance, pour la mise en valeur des PME, l’augmentation de 40 % à 60 % du minimum des recettes d’exportation de produits miniers à rapatrier, ou encore la fin du monopole de l’État sur les assurances devraient permettre l’émergence d’une industrie locale, encourager les investissements locaux et directs étrangers, ainsi que l’alimentation du tissu de PME congolaises.
C’est à elles qu’incombe la responsabilité de réussir le pari de répondre, par une offre locale, à la formidable chance que représente le marché intérieur de la RD Congo, tout en se connectant aux chaînes de valeur mondiales. En relevant ce défi, le secteur privé congolais devrait permettre d’assurer à la fois la force de la monnaie locale (corollaire de la vitalité de l’économie) et la transformation des conditions socio-économiques des populations.
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