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Le 28 février 2022, l'Ukraine, puis, le 3 mars, la Géorgie et la Moldavie ont déposé chacune une demande officielle pour adhérer à l'Union européenne. Mais, qui sont ces pays qui parient sur un "avenir européen" ? Et quels sont leurs liens avec l'Union européenne ?
Par La Rédaction
Temps de lecture 12 minutes
La Géorgie, la Moldavie et l’Ukraine sont trois républiques nées en 1990-1991 de la dislocation de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS).
L’émergence de la Géorgie, de la Moldavie et de l’Ukraine s’inscrit dans la dynamique des revendications de souveraineté des républiques soviétiques impulsée par la Russie. Celle-ci a proclamé sa souveraineté en juin 1990, démarche qui a été suivie par toutes les autres républiques.
L’enjeu des populations russes en Moldavie et en Ukraine
Contrairement à l’État-nation qu’est la France, la Russie distingue la citoyenneté de la nationalité. Un individu désigné “Russe par citoyenneté” peut être Ukrainien ou Tatar par sa nationalité. Un autre peut être à la fois “Russe par citoyenneté et par nationalité“.
Au sein de l’URSS, les personnes qui étaient Russes par nationalité avaient à peine représenté plus de la moitié de la population. La dislocation de l’URSS a imposé, du point de vue de la Russie, la nécessité de gérer des territoires parfois majoritairement peuplés de Russes, qui sont depuis situés hors des frontières de la Fédération de Russie.
L’Ukraine abrite ainsi une forte minorité russe. La Moldavie est peuplée de deux tiers de Moldaves (très proches des Roumains) mais aussi de minorités ukrainienne, russe et gagaouze (turcophone).
La Géorgie
Le pays se trouve entouré de la Russie, de l’Azerbaïdjan, de l’Arménie et de la Turquie. Les 4,7 millions habitants environ habitent un territoire de 69 700 km2.
Avec les États baltes, la Géorgie fait partie des anciennes républiques soviétiques qui n’ont pas adhéré à la CEI. Au lendemain de son indépendance retrouvée, en 1991, elle est entrée dans une décennie de crise économique, politique et sociale.
En 2003, la “Révolution des roses“ a renversé le président Chevardnadze, héritier de l’ère soviétique. Avec l’arrivée au pouvoir du président Saakachvili en 2004 et pendant ses deux mandats, la Géorgie est portée par une certaine vague de démocratisation et de modernisation. La Géorgie affiche alors un regain d’intérêt pour l’Occident et en particulier pour l’intégration euro-atlantique.
La Moldavie
La souveraineté de la République de Moldavie a été proclamée en juin 1990. État de la taille de la Belgique et d’une population d’environ trois millions d’habitants, le pays, dans ses frontières actuelles, existe depuis 1991, année de l’indépendance. Elle est située entre l’Ukraine et la Roumanie. Lors de la dislocation de l’URSS, le pays a dû faire face à la sécession d’une partie de son territoire, la Transnistrie située sur la rive gauche du Dniestr.
Depuis, la “République moldave du Dniestr“ située dans l’hinterland du port ukrainien d’Odessa – à moins de 100 kilomètres – a développé des structures d’un quasi-État, disposant d’une population (un demi-million de personnes), d’un territoire (environ 4 000 kilomètres carrés) et d’une administration, une présidence, un Parlement, une monnaie… Elle n’est reconnue par aucun État.
L’Ukraine
Avec plus de 40 millions d’habitants et 603 548 km2, l’Ukraine a été la seconde république la plus peuplée de URSS après la Russie. Son Parlement a adopté, le , la déclaration sur la souveraineté politique de l’Ukraine. C’est le premier pas vers l’indépendance de la république. Celle-ci a été proclamée le et confirmée par le référendum sur l’indépendance organisé le
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Ukraine-Russie
En 1992, la plus grande inconnue s’est alors située dans la relation qui allait s’établir entre les deux “Grands” de l’ex-URSS, sur les liens qui allaient avoir des conséquences sur l’évolution non seulement des trois républiques slaves ex-soviétiques mais aussi sur l’ensemble du continent européen.
Les élargissements de 2004, 2007 et 2013 ont mécaniquement conduit l’UE à jouer un rôle plus important sur la politique géorgienne, moldave et ukrainienne à mesure que la demande de démocratie et de développement économique s’est renforcée dans ces pays.
En parallèle à sa politique d’élargissement, l’UE a mis en œuvre depuis le début des années 1990 une politique de voisinage (PEV) à la fois en direction des pays du sud et de l’est de la Méditerranée (PSEM) et des États issus de l’ex-URSS.
La politique de voisinage de l’UE : une politique alternative à une adhésion
À la veille du cinquième élargissement de l’Union européenne, la politique de voisinage de l’UE a été lancée pour “éviter de nouvelles lignes de partage en Europe et promouvoir stabilité et prospérité” et pour créer un “cercle d’amis“. Ces États forment en fait un “entre-deux” entre Union européenne et Russie.
Dimension orientale de la PEV, le Partenariat oriental lancé en 2009 concerne six pays :
Ils sont tous voisins et situés dans l’espace post-soviétique. L’Ukraine occupe une place majeure dans la mesure où elle représente les trois cinquièmes de la population, de la superficie et des richesses des six États concernés.
Issue d’une initiative polono-suédoise, la mise en place du Partenariat oriental s’est réalisé dans un contexte marqué notamment par la guerre russo-géorgienne d’août 2008 et ses conséquences sur la stabilité régionale.
La Russie, une place à part
La Russie n’a pas souhaité faire partie de la politique européenne de voisinage. Ttrop puissante pour être ignorée, trop vaste pour être intégrée, elle reste et s’affirme comme “l’autre acteur politique et géopolitique du continent européen“. L’Union européenne la considère comme un “partenaire stratégique“.
Les pays impliqués dans le Partenariat oriental de l’UE concentrent, à l’heure actuelle, l’essentiel des tensions qui affectent le continent européen : crise du gaz, conflits gelés, séparatismes actifs…
En échange de la réalisation de réformes politiques et économiques, le Partenariat oriental offre aux pays :
Le Partenariat oriental est ainsi conçu pour :
La principale proposition du Partenariat oriental a été celle de la réalisation d’accords d’association comprenant un volet économique très étoffé. L’accord devait conduire à l’intégration au “marché unique” européen des pays concernés : ceci signifiait un libre-échange quasi-intégral et l’alignement sur le droit économique et les réglementations techniques de l’Union.
Dans le cadre de l’initiative du Partenariat oriental, l’UE offre un soutien financier, une assistance technique et le libre-échange, mais pas l’adhésion.
Trois des six pays ciblés – Géorgie, Moldavie et Ukraine – ont signé un accord d’association en 2014. Ces accords sont un compromis entre les États membres qui souhaitaient offrir à ces pays une perspective réelle d’adhésion – États baltes, Pologne et Suède en tête – et les autres qui s’y opposaient.
Cette initiative européenne a entraîné l’opposition de la Russie qui a mis en avant son propre projet d’intégration, l’Union eurasiatique.
Rien, n’était leur statut d’anciennes républiques de l’URSS, ne lie la Géorgie, la Moldavie et l’Ukraine de façon évidente : ni la langue, ni la culture, ni la géographie. Pourtant, les trois pays ont décidé de faire cause commune pour adhérer ensemble à l’Union européenne.
Le “Trio” est un format tripartite pour une coopération, une coordination et un dialogue renforcés entre les ministères des affaires étrangères de la Géorgie, de la Moldavie et de l’Ukraine et l’Union européenne sur des questions d’intérêt commun.
Depuis mai 2021, c’est sous ce nom que la Géorgie, la Moldavie et l’Ukraine se sont engagées pour évoluer ensemble sur le chemin vers l’adhésion à l’Union européenne. Les pays entendent mettre conjointement en œuvre les réformes nécessaires pour réaliser leur ambition européenne. Et, autant que possible, à parler d’une même voix sur les chantiers à réaliser : coopération économique, énergie, transports, numérique, économie verte, justice, affaires internationales, communication, santé…
À l’occasion d’un sommet du Trio organisé le 19 juillet 2021 à Batoumi en Géorgie, le président Charles Michel du Conseil européen a déclare devant les dirigeants de la Géorgie, de la Moldavie et de l’Ukraine :
“Notre rencontre ici avec vous (…) marque une étape importante. Elle souligne les liens particuliers qui unissent l’UE et ses partenaires associés. Nous saluons l’initiative sur deux ans visant à encourager la coordination entre les partenaires associés et Bruxelles. Celle-ci peut conduire à l’échange des bonnes pratiques en matière de réformes, de mise en œuvre ainsi qu’en vue d’un plus vaste programme pour l’avenir.”
La guerre que la Fédération de Russie mène contre l’Ukraine depuis le 24 février 2022 a des conséquences notables pour l’ensemble des pays proches.
L’Ukraine et le voisinage européen
Les relations de proximité entre l’Ukraine et la Fédération de Russie sont étroites, et ce à plusieurs niveaux, historiques, culturels, humains ou économiques.
Dans le même temps, l’Ukraine est un pays voisin de quatre États membres de l’Union européenne : Pologne, Slovaquie, Hongrie, Roumanie. Il y a également une proximité historique forte avec la Lituanie ainsi qu’avec les autres États baltes, l’Estonie et la Lettonie.
Parmi ses voisins, la crainte d’une guerre à plus large échelle s’est fait jour depuis fin février 2022. La Moldavie et la Géorgie sont les États les plus concernés par cette perspective. La Géorgie avec l’Abkhazie et l’Ossétie du sud, la Moldavie avec la Transnistrie et l’Ukraine avec la Crimée et le Donbass sont toutes les trois aux prises à des différends territoriaux avec la Russie. Ces situations ont fragilisé la souveraineté des trois États et ont créée une insécurité politique et économique permanente.
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