Les policiers rennais et bordelais, les gendarmes de l’Hérault ou ceux de l’Indre-et-Loire… pratiquement tous les jours, les autorités publient des messages d’avertissement mettant en garde contre la fausse monnaie. Depuis quelques mois, la France est en effet touchée par le phénomène de la « movie money », des faux billets utilisés dans le cinéma, assez proches des vrais et qui trompent les commerçants.
Plus de 20 000 de ces billets ont été saisis dans la zone euro depuis janvier. 60 % circulaient en France. « Avant l’année 2019, on trouvait tous les ans une cinquantaine de ces faux billets, souligne le commissaire divisionnaire Eric Bertrand, patron de l’Office central pour la répression du faux monnayage (OCRFM), qui dirige 18 enquêteurs spécialisés. On est passé à plusieurs milliers, la hausse est massive. »
Pour faire face à cette nouvelle menace, un séminaire a été organisé la semaine passée à Marseille. Une quinzaine de pays de la zone euro ou du Moyen-Orient étaient présents. Car le phénomène inquiète et déroute les autorités.
Historiquement, la fausse monnaie est l’apanage de voyous bien rodés, de réseaux proches du grand banditisme. Avec la movie money, rien de tout ça. Une simple commande sur Internet permet de recevoir les billets à domicile. « On rencontre une délinquance inhabituelle dans notre domaine, reconnaît Eric Bertrand. On trouve désormais de la fausse monnaie dans la poche d’étudiants qui ont passé une commande sur Internet et qui écoulent quelques billets de temps en temps, notamment dans les bars ou les boîtes de nuit. » Pour le moment d’ailleurs, les interpellations restent rares. Et quand il y en a, la justice ne suit pas toujours.
VIDÉO. De plus en plus de faux billets de cinéma trompent les commerçants
En janvier, les enquêteurs de l’OCRFM ont ainsi interpellé un homme qui avait commandé, sur Internet, pour un million d’euros de movie money. Comme il n’a pas utilisé les billets, il n’a même pas été poursuivi pour escroquerie. Pourtant, la possession de ces accessoires de cinéma en vente libre sur Internet est passible de trois ans de prison.
« Les billets sont des marques déposées, souligne Eric Bertrand. Pour le reproduire sans risque, il doit être imprimé sur une seule face, ou être 25 % plus grand que l’original. La movie money, c’est comme faux polo Lacoste, c’est une contrefaçon. Contrairement à ce qu’on entend parfois, il est donc interdit d’en posséder. » Sauf que la justice rechigne pour le moment à poursuivre les acheteurs sur le plan de la propriété intellectuelle, faute d’habitude.
En attendant, les commerçants sont appelés à la vigilance. Car pour reconnaître de la movie money, il n’y a pas besoin d’avoir passé des heures à étudier les billets de banque. « Ils sont faciles à déceler, assure le commissaire Bertrand. La matière n’est pas la même, il n’y a pas de vraie bande holographique… Et surtout, c’est écrit en toutes lettres sur le billet ! » La mention « This is not legal » (ce n’est pas légal) apparaît ainsi sur les deux côtés des billets imprimés en Chine, mais certains commerçants se font quand même piéger.
« Le problème c’est la quantité de ces billets, qui tournent partout en France, confie le patron de l’OCRFM. Mais leur faible qualité ne rend pas la problématique réellement inquiétante. »
D’autant que la circulation de « vraie » fausse monnaie, réalisée par des faussaires de talents -souvent en Italie- est, elle, en forte baisse en France, principal pays européen touché par ce fléau. Un tiers des 530 000 faux billets saisis en Europe en 2018 ont ainsi terminé leur course en France. Beaucoup sont entrés sur le territoire grâce à des commandes réalisées sur le Darknet. Un immense réseau de faussaire, qui avait alimenté des centaines de personnes en France, a d’ailleurs été démantelé en janvier au Pays-Bas par les autorités locales et l’OCRFM.
« Entre 2015 et 2019, la circulation des faux billets de qualité a baissé de 50 %, rassure Eric Bertrand. Et même si la fausse monnaie existe, même si la movie money a débarqué en France, la monnaie papier reste le moyen de paiement le plus sécurisé. Il n’y a qu’un seul faux billet sur 40 000 en circulation ! » En 2018, les piratages de carte bancaires ont d’ailleurs représenté un préjudice dix fois plus important que la fausse monnaie.
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