« Ne menacez plus jamais les Etats-Unis ou vous allez subir des conséquences telles que peu au cours de l’histoire en ont connu auparavant! » Encore une fois, Donald Trump a crié sa colère dimanche, sur Twitter, à l’encontre du régime iranien, qu’il qualifie régulièrement de « régime fanatique » ou « d’Etat voyou ». Le président iranien Hassan Rohani venait de lui conseiller de ne pas « jouer avec la queue du lion » en provoquant son régime.
To Iranian President Rouhani: NEVER, EVER THREATEN THE UNITED STATES AGAIN OR YOU WILL SUFFER CONSEQUENCES THE LIKES OF WHICH FEW THROUGHOUT HISTORY HAVE EVER SUFFERED BEFORE. WE ARE NO LONGER A COUNTRY THAT WILL STAND FOR YOUR DEMENTED WORDS OF VIOLENCE & DEATH. BE CAUTIOUS!
Mais cette foucade est loin d’être isolée. Depuis des mois, Trump bombarde l’Iran d’accusations. Le président américain considère l’accord signé par son prédécesseur Barack Obama sur le nucléaire iranien comme une « catastrophe » et il n’a pas hésité à le déchirer. « Que ce soit en Syrie ou au Yémen, l’Iran est derrière tous les problèmes! » a martelé Trump.
La stratégie américaine : faire tomber le régime de Téhéran, déjà très affaibli par des décennies de sanctions, en l’étouffant économiquement. Et ceci pour faire monter la révolte à l’intérieur du pays secoué depuis des mois par des mouvements de protestation. Le rial, la monnaie iranienne, a déjà perdu la moitié de sa valeur en six mois et l’inflation repart. Les sanctions commerciales américaines obligent les entreprises européennes implantées en Iran à se retirer, faisant monter le chômage. D’ici à la fin de l’année, les pays tiers acheteurs du pétrole iranien seront sanctionnés. Trump a décidé de couper le robinet de l’or noir iranien.
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Car bien avant le nucléaire, c’est le pétrole qui a envenimé les relations entre l’Iran et les Etats-Unis. Pourtant, tout avait bien commencé. Au tout début du XXe siècle, les Américains, qui ont conquis leur indépendance vis-à-vis de la puissance impériale britannique, s’étaient pris de sympathie pour l’Iran. Un pays alors sous la coupe des… Anglais. Médecins, intellectuels, militants américains vont favoriser sur place l’émancipation des Iraniens vis-à-vis de la tutelle britannique et russe.
Mais tout se gâte avec le coup d’Etat du 19 août 1953 organisé par la CIA et les services de renseignement britanniques, contre le Premier ministre démocratiquement élu Mohammad Mossadegh. Son tort ? Avoir voulu assurer l’indépendance et la prospérité de son pays en nationalisant l’Anglo-iranian Oil Company (devenu BP, British Petroleum), alors la plus grande compagnie de l’Empire Britannique. Après la réussite de l’opération « Ajax », Américains et Anglais ramènent sur le trône le Shah Mohammad Reza Pahlavi.
Avec l’aide des Américains – qui enverront jusqu’à 30 000 conseillers, entrepreneurs et enseignants – l’Iran se modernise à marche forcée. Trop vite sans doute. Les conservateurs religieux, dirigés par l’ayatollah Khomeyni, se braquent et renversent le Shah à l’issue de la révolution de 1979. Les Etats-Unis de Jimmy Carter, lassés de la mégalomanie de Reza Pahlavi, laissent faire.
Mais la prise d’otage, le 4 novembre 1979, de cinquante-deux diplomates de l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran sera vécue comme un traumatisme par les Américains. Jour après jour, les chaînes de télévision montrent des foules qui vocifèrent contre « le Grand Satan » américain, brûlent la bannière étoilée. L’Amérique se vengera en soutenant l’Irak dans sa guerre contre l’Iran, de 1980 à 1988. Le conflit fera un million de victimes côté iranien.
Implacable, Washington ne saisira jamais la main tendue par les dirigeants « modérés » comme Ali Akbar Hachemi Rafsandjani dans les années 1990 ou aujourd’hui Hassan Rohani. Seule l’administration Obama a entrouvert la porte en signant en 2015 l’accord sur le nucléaire iranien. Une porte vite refermée par Trump.
Les mois à venir s’annoncent déterminants dans la partie de bras de fer engagée entre Américains et le régime iranien. A n’en pas douter, cela va secouer.
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