Le Fonds monétaire international (FMI) corrige quelque peu le tir. L’institution estime que l’économie russe sera moins pénalisée par les sanctions internationales que ce qu’elle prévoyait en avril. Le choc n’en demeure pas moins particulièrement ressenti.
La Russie s’en sort mieux que prévu, lisait-on dans les récentes prévisions du FMI publiées la semaine dernière. Selon l’institution, la contraction du PIB russe cette année serait plutôt de 6 %, soit moins que la chute de 8,5 % avancée dans les précédentes prévisions publiées en avril. « Cela reste une forte récession pour la Russie en 2022 », a pris soin de nuancer le chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas, lors d’un entretien avec l’Agence France-Presse.
Cette forte récession est également à mettre dans la perspective d’une croissance attendue de 2,8 % du PIB russe en 2022 estimée par le FMI dans sa mise à jour de janvier, avant le déclenchement de l’invasion en Ukraine le 24 février. Vu autrement, du quatrième trimestre de 2021 au trimestre correspondant de 2022, la ponction sur le PIB atteindrait 13,9 %.
Et l’effet cumulatif des sanctions étant ce qu’il est, le FMI parle d’un plongeon supplémentaire de 3,5 % en 2023. L’institution évoquait plutôt une glissade de 2,3 % dans ses projections d’avril, et une croissance de 2,1 % dans celles de janvier.
Plus récemment, le volume de gaz russe acheminé vers l’Europe a fortement diminué, atteignant 40 % environ de son niveau d’il y a un an, ce qui a contribué à une forte hausse des cours du gaz naturel en juin. « On estime que la contraction de l’économie russe au deuxième trimestre a été moindre que prévu, les exportations de pétrole brut et les exportations hors énergie ayant mieux résisté qu’anticipé. De plus, la demande intérieure fait preuve d’une certaine résilience, car l’effet des sanctions sur le secteur financier intérieur a été limité et le marché du travail s’est moins contracté qu’attendu », poursuit le rapport du FMI. « La Banque centrale et les décideurs politiques russes ont pu éviter une panique bancaire ou un effondrement financier lorsque les sanctions ont été imposées », a ajouté Pierre-Olivier Gourinchas. Et la hausse des prix du pétrole et du gaz « fournit une énorme quantité de revenus à l’économie russe et cela a aidé à soutenir leur économie ».
En mai, les revenus des exportations de pétrole russe ont grimpé de 11 % malgré un volume en baisse de 3 %, a illustré l’Agence internationale de l’énergie. Entre mars et juillet 2022, les recettes des exportations de gaz et de pétrole russes vers l’Union européenne étaient deux fois plus importantes que la moyenne des années précédentes sur la période, reprend Les Échos.
Selon les données de la banque centrale de Russie, l’excédent commercial a atteint les 138,5 milliards de dollars américains au premier semestre, dont un record de 70,1 milliards au deuxième trimestre. Entre janvier et juin, le compte courant a été multiplié par 3,5 comparativement à la même période en 2021 sous le coup d’un effondrement des importations, la hausse des revenus des exportations d’énergie et de matières premières permettant de compenser les répercussions des sanctions.
Même si la Russie vend son pétrole à escompte à la Chine et à l’Inde, elle fait le plein grâce à l’explosion des cours énergétiques. L’agence Bloomberg reprend les projections d’analystes américains voulant que l’excédent du compte courant puisse dépasser les 200 milliards et atteindre un record de 240 milliards en 2022. Selon différents scénarios, la manne pétrolière et gazière dont bénéficierait Vladimir Poutine est chiffrée à plus de 320 milliards cette année si ces énergies continuent de couler à flots.
Quant au système financier, les conséquences de l’exclusion de certaines banques du réseau interbancaire Swift demeurent limitées. Après avoir mis en place un contrôle des changes et haussé son taux directeur à 20 %, la banque centrale russe a, de son côté, ramené depuis ce taux à 8 %, sous son niveau d’avant invasion, et a assoupli ses mesures de contrôle des devises, difficilement soutenables dans le temps, pour atténuer le renforcement du rouble et faire écho à un ralentissement de l’inflation.
Si les coffres de Moscou sont pleins de pétrodollars, il reste qu’en définitive, seule la Russie serait en décroissance économique cette année et l’an prochain parmi la liste des pays retenus par le FMI. L’inflation atteignait 15,9 % sur un an en juin et la consommation poursuivait son recul au mois de mai pour se replier de 10 % sur un an, selon le service fédéral de statistiques Rosstat. Déjà, avant l’offensive en Ukraine, la population russe était aux prises avec une inflation de plus de 8 % et une baisse du pouvoir d’achat qui variait entre 2 et 5 % par année depuis l’annexion de la Crimée, en 2014. « Le PIB par habitant en 2020 était à peine supérieur à celui de 2013, forçant un recul de 10 % du pouvoir d’achat depuis 2014 », écrit Alternatives économiques.
Et avant le début des hostilités déclenchées par Vladimir Poutine, l’économie russe souffrait de la faiblesse de son secteur manufacturier, de retard technologique et d’importantes inégalités, de revenu et de richesse.
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