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Source : JT 20h WE
Après le Salvador, la Centrafrique rejoint le monde de la crypto. Le deuxième pays le moins développé du monde, selon l'ONU, a adopté, mercredi 27 avril, le bitcoin comme monnaie officielle, au côté du franc CFA, devenant ainsi "le premier d'Afrique" à faire ce choix surprenant. Selon l'AFP, la loi a été votée "à l'unanimité" de l'assemblée nationale, sans qu'aucun détail n'ait été donné sur la date effective de la disposition.
Mais cette dernière, à peine adoptée, soulève déjà beaucoup de questions. En septembre 2021, le pays d'Amérique centrale avait été le premier à adopter le bitcoin en monnaie légale. Le Fonds monétaire international (FMI) avait immédiatement dénoncé une décision dangereuse pour la "stabilité financière, l’intégrité financière et la protection des consommateurs". Cette fois encore, l'organisation alerte contre la perspective d'y voir "une panacée contre les défis économiques" dans la région africaine.
"Cette démarche place la République centrafricaine sur la carte des plus courageux et visionnaires pays au monde", estime au contraire la présidence de la Centrafrique. D'après le texte de loi, ces nouvelles transactions liées aux cryptomonnaies pourront être effectuées "sans restriction (…) par les personnes physiques ou morales, publiques ou privées". Dans le lot, sont notamment évoquées : "les activités de commerce en ligne", "toutes transactions électroniques" ou bien encore "les contributions fiscales". La loi prévoit aussi que "les échanges en cryptomonnaies ne sont pas soumises à l'impôt".
Pourtant, le pays n'a rien fait pour propulser ce mode de paiement dans son pays. À l'inverse du Salvador, aucune publicité n'a été faite avant la promulgation de la loi et aucun portefeuille de cryptomonnaie, pouvant donner un accès direct et gratuit aux transactions à ses habitants sous forme d'application, n'a été créé. Autre écueil, et non des moindres : les Centrafricains seraient une minorité à être connectés à Internet. D'après une étude de DataReportal, ils étaient 11,4 % à posséder un accès à un quelconque réseau en janvier 2021. De quoi douter d'un futur succès du bitcoin.
Mais alors, pourquoi faire ce pari ? Pour certains observateurs, il faut surtout y voir l'influence de la Russie dans le pays, en guerre civile depuis 2013. Fin 2020, une majorité des groupes armés, qui occupaient alors les deux tiers du territoire centrafricain, ont lancé une offensive contre le pouvoir en place, lequel a appelé Moscou à l'aide. Des paramilitaires russes, dont certains issus du groupe Wagner, sont venus en renfort aux côtés des soldats centrafricains pour repousser l'offensive rebelle.
L'ONU, des ONG internationales et la France, accusent depuis la présidence africaine d'avoir mis le pays sous la coupe de Moscou, affirmant que cette dernière "pille" les ressources du pays, notamment les minerais précieux. Ce contexte, "avec une corruption systémique et un partenaire russe sous sanctions internationales, incite à la suspicion" et à la prudence, insiste auprès de l'AFP Thierry Vircoulon, spécialiste de l'Afrique centrale à l’Institut français des relations internationales (Ifri).
Les puissances occidentales craignent en effet que la Russie ait recours au Bitcoin pour atténuer le poids des sanctions imposées en réponse à son invasion de l’Ukraine. Europe comme États-Unis appellent toutes deux à une régulation rapide des futures transactions bitcoin dans le pays. De leurs côtés, certains membres de l'opposition "vont attaquer la loi devant la Cour constitutionnelle", a déclaré Martin Ziguélé, ancien Premier ministre aujourd'hui député de l'opposition.
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